Ou blanche, ou piquante, ou béarnaise. On le sert A TOUTES LES SAUCES!!
Mon mari me dit qu’il faut se méfier des restaurants qui proposent une carte avec à peu près tout dedans. La spécialisation, la sobriété seraient un gage de qualité et de sincérité de la carte.
Les publicistes, peut-être, devraient aller au restaurant avec mon mari. Ils sauraient alors que servir le durable pour parler d’une voiture, d’un kiné, d’un crédit, d’un lave-linge, d’une télé, d’une banque, d’une fenêtre, du nucléaire, bref, ça n’attire pas le client. Au contraire, ça suscite la méfiance.
Et pour moi dont le durable est le coeur de métier, je retrouve mon très sérieux champ lexical vendu entre deux épisodes d’Experts, entre deux frasques de téléréalacteurs, entre le fromage et le dessert. Le plus offrant servira du durable sur un plateau doré, lors du pic d’audimat du jour.
Et pour moi dont le durable est le coeur de métier, je suis décrédibilisée. Limite on pourrait me prendre pour une VRP, limite animatrice de réunion tupperware, limite… Très limite oui.
Finalement, le durable, ça m’écoeure. Trop de sauces, toutes mélangées, j’ai perdu le sens des saveurs. Alors je change le mot, simple retour au véritable goût des choses. Plus durable mais SOUTENABLE. Soutenable pour retrouver l’expression originelle. Soutenable pour que la notion d’acceptabilité – pour la Planète, pour l’Homme, pour l’écosystème – redevienne la saveur maîtresse. Qu’elle ne soit pas perdue par des arômes artificiels, des édulcorants qui transforment l’idée de respect en celle de durée marquétée, de fast-food du développement, de consensus mou, recette ni bonne ni vraiment mauvaise, juste fade, qui ne réveille rien, qui ne crée pas de désirs, qui s’avale puis s’oublie.