Ce sont,
trois hommes je les compte, encore un deux trois et encore. Ils sont nus, sont assis les trois hommes. Les trois hommes mes trois hommes ils sont peints. Ils sont pliés assis contre un mur dans cette peinture, ma peinture, sur mon mur, mon chez-moi, mon à-moi, mon foyer mes trois hommes sur mon mur ils regardent, mais quoi ils regardent les trois hommes repliés sur eux-mêmes nus repliés les coudes aux genoux, recroquevillés les trois hommes peints en jaune et en noir pas de pieds les trois hommes ou à peine ils ne marchent ni n’avancent restent là immobiles stagnent attendent, m’attendent. Regard un c’est la peur de cet homme sur, ses épaules dans les plis de son front regard deux la colère droit devant et fière la mémoire cette colère, brute colère de cet homme de ce mur regard trois pas comprendre, douter, questionner les questions un deux trois les questions la colère et la peur de ces hommes sur ce mur, de ce mur de ces hommes enfermés cette peinture leur histoire, figée et celle, de l’homme l’autre homme le pinceau à la main, c’est l’autre homme, c’est un père enfermé la prison repliée sur elle-même, retenue la colère, jugulée la peur, étouffées les questions de cet homme, une toile,
contre quoi une mention s’applique à ses tâches pas de vague aimable, les pinceaux contre quoi quelques heures une pile d’heures, immenses atelier à ranger, travailler contre presque, rien sauf le temps qui là passe, juste, seulement, peu plus vite, à peine les couleurs contre quoi un billet envoyé mais par qui, qui envoie là-bas des couleurs là où, c’est gris même pas noir le noir ça habille ça crée profondeurs abysses sublimes le gris ça grisonne ça suinte le gris ça grignote les nuances ça digère le vivant le jaune le soleil la lumière donnée à, mes trois hommes sur mon mur mon foyer ma peinture un artiste mon artiste pas un père un artiste sur mon mur pour garder un deux trois la colère et la peur et les doutes pour souvenir pour soutenir avaler le regard comme vagues sur mer comme brume sur fleuve comme feu intérieur qui crépite qu’on regarde où on plonge les mains même pas mal la chaleur et la toile qui se plisse on devine l’épaisseur des peaux cicatrices, on submerge on médite on pense et divague sur un mur quand trois hommes et un autre le pinceau à la main, le soleil dans ses mains, un dessin dans les tripes, une toile horizon celui des hommes enchaînés ceux d’avant, grande Histoire ptites histoires de colères, de peurs, de questions accrochées suspendues, à un mur, mon tableau sur mon mur, près tout près mon mur ma maison mon foyer là où, habiter vivre danser et vieillir et l’autre vieillissant 4 murs gris, humides gris, sales et gris, fades quatre murs dans mon mur, trois hommes nus sur mon mur, une peinture, ma peinture, mes souvenirs, un artiste, mieux que rien.