Lorsque la société se raidit sur ce que certains appellent « valeurs » – je lui préfère le mot « peur » – il y a évidement plusieurs facteurs: politiques, sociaux, collectifs. Individuels aussi. Oui. Et moi dans tout ça?
Je suis effarée et déçue de voir défiler sur Twitter ces faits qui ont pu être divers et qui sont devenus symptomatiques d’un mal profond. Vague d’homophobie que met au jour le débat actuel sur le mariage pour tous, sexisme et racisme qui n’ont rien d’ordinaires, … Puis je pense à ces occasions manquées de faire bouger les lignes, de changer les regards, d’argumenter. Vous voyez à quoi je pense? Ces repas de famille, à un moment ou un autre, où une phrase est lancée, juste à côté ou à l’autre bout de la table. Une phrase qui me choque et pourtant je me dis que ce n’est pas le moment de réagir, qu’il ne faut pas prendre le risque de gâcher l’ambiance par un débat que je crois trop complexe à cet instant là. Ou au boulot. « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » et justement une blague, qui n’en est peut-être pas vraiment une, sortie de cette bouche là. Toutes ces petites fois, ne sont-elle pas autant de moments où cette homophobie, ce racisme, ce sexisme, latents peut-être encore mais présents, sont confortés? N’est-ce pas alors que les personnes qui portent ces sentiments, ces idées, se sentent légitimées par le silence en réponse?
Faut-il ne rien laisser passer? Je déteste l’expression racisme-sexisme-homophobie « ordinaire ». Il n’est jamais ordinaire de haïr l’Autre tout simplement parce qu’il est différent. Les mots, les actes qui dénient l’égalité à l’Autre ne sont tout autant jamais ordinaires. Mais se contenter de changer de sujet à table à 15h30 le dimanche entre le fromage et le dessert, ou dans un couloir entre deux bureaux parce qu’on n’a pas vraiment le temps, n’est-ce pas justement rendre ces petites phrases ordinaires, les laisser se diffuser, gagner du terrain?
La réponse est malheureusement positive. Individuellement, j’ai donc une part de responsabilité à porter.
Et vous, quelle est votre ligne de conduite? Vous arrivez à toujours ne rien céder à la facilité du silence?