« Été 2019. Entre juin et août, au moins 39 femmes sont victimes de féminicides. Ce sont leurs prénoms qui rythment ce podcast. C’était l’été 2019. Ça aurait pu être n’importe quel été. »
Il faut dire, pour accompagner ces 2 minutes et 32 secondes, que ce texte est tiré d’un recueil de textes que j’écris sur les violences intrafamiliales.
J’avoue vivre un véritable paradoxe.
J’ai grandi dans un contexte familial où les violences instauraient un sentiment de peur permanente. J’ai commencé à assumer cette histoire tout récemment, grâce au micro qui m’a été tendu dans ce podcast. Je ressens encore chaque jour à quel point ce passé reste présent en moi. Et pourtant j’ai encore du mal à l’assumer. Dans le même temps, lorsque j’ai envie d’écrire, c’est uniquement à propos de cette violence, de ce qu’elle produit, de ce qu’elle laisse, de ce qu’elle est aussi. Comment faire pour partager ce que je suis tout en voulant cacher ce qui me fait, ce qui anime mon besoin d’écriture? Comment partager ce qui semble être ma vérité, sans être enfermée, circonscrite, définie par ce témoignage? Puis-je écrire sur ce sujet en dépassant la posture du témoignage et s’en avoir à justifier d’une légitimité? Voilà les questionnements qui me traversent et souvent me freinent, me bloquent.
En partageant ce texte, avec le prétexte de ce concours d’Arte radio, il me semble que j’amorce cette métamorphose pour devenir pleinement, assumer ce que je suis, oser me libérer.