Je ne sais pas comment vous voyez la politique et la classe politique…
J’ai pu me dire que La Politique, c’est beau, c’est la Res Publica! Et que la classe politique n’est faite que de pourris. Mais cette vision est bien trop caricaturale.
Plusieurs aspects me questionnent très régulièrement:
1. Il y a deux Politiques
Celle qui tend uniquement à assurer la gestion locale, de village. Ensuite celle qui tend à faire évoluer la sphère publique, à faire changer nos sociétés. Les deux ne sont pas opposées. Parfois, la première est une étape vers la seconde.
L’ambition politique, celle peut-être de Badinter lorsqu’il défendait le projet de loi sur la peine de mort en 1981, ne peut que s’appuyer sur l’ambition d’êtres de chair et de sang. Les idées ont besoin de voix pour les porter.
J’en arrive ainsi à une question, peut-être un paradoxe du regard des non-politiques sur les politiques: On les taxe très vite d’ambition personnelle, de s’engager en politique pour devenir visibles, pour attirer l’attention. Mais sans un minimum d’ambition, on reste élu d’un village, d’un conseil municipal et les idées restent inaudibles. Tous les grands changements politiques à travers le monde et à travers le temps sont passés par des hommes ou des femmes, ambitieux d’objectifs politiques. Certainement ne faut-il pas mettre de côté les questions d’égo…
Est-ce que cette ambition ne peut-être portée que par la force du collectif d’idées, dans un mouvement ou l’individu n’existe pas? Je ne crois pas. Il faut une voix, un visage, un ton pour incarner une idée. Et défendre une idée, la partager, c’est prendre le pas sur d’autres, d’autres idées et d’autres personnes.
2. La Politique implique le compromis
J’exclus volontairement les régimes totalitaires… Dans les systèmes politiques parlementaires, d’autant plus lorsqu’ils s’appuient sur deux chambres (Sénat et Assemblée Nationale dans notre cas français), il faut dégager des majorités pour faire adopter des décisions. Parfois les majorités sont naturelles mais souvent, dans la Vème République ou dans les démocraties occidentales en général, la majorité est le fruit d’alliances plus ou moins ponctuelles.
S’allier, c’est dégager du consensus (plus ou moins mou!). Tomber d’accord sur un point. Et tomber d’accord sur un dossier, c’est négocier. Ca peut donc sous-entendre de lâcher du lest sur d’autres. C’est faire des compromis. Mais pour moi on peut faire des compromis sans se compromettre! La différence tient au fait que le compromis noble est un compromis assumé… On ne nous parle pas de ces compromis alors qu’ils sont pour moi logiques, voire indispensables.
Les politiques gagneraient sans doute à proposer une certaine pédagogie, du moins une lisibilité sur ce processus politique. Les partis pourraient organiser leur programme non pas comme une liste de courses mais comme un organigramme de priorités qui mettrait en évidence les points non-négociables (a contrario, les points négociables apparaîtraient…). En votant, on sait alors exactement sur quelles batailles politiques on est prêt à avancer, on intègre l’idée que l’unanimité n’est que très rarement que ce monde, on comprend que le prix de notre vision du monde, de notre idéologie politique passera à un moment ou à un autre par des négociations et quand on négocie, c’est toujours « perdant-perdant ». Finalement, ce dont je parle c’est peut-être tout simplement de trouver un savant équilibre entre des idéologies affirmées et une dose de pragmatisme.
Ceci étant dit, il n’en reste pas moins que certains hommes politiques se perdent entre ambition politique et personnelle. Mais est-ce que cette confusion existait aux premières heures de leur entrée en politique ou ce chemin les happe-t-il en cours de route? Cette question aussi me travaille. Devient-on forcément « politiquement déviant » parce que l’ambition politique nous dirige vers les échelles de décision en phase avec les idées que l’on porte?
J’ai plein d’autres questions en tête… En politique a-t-on le droit de changer d’avis? La démocratie participative est-elle une solution viable (l’enjeu étant surtout de bien définir la notion de participation!!)?
Bon tout ceci est un peu foutraque mais… qu’en pensez-vous? Mon regard vous semble absurde? Comment voyez-vous La Politique et les humains qui la servent?