Au petit matin, découvrir Cotonou au rythme de la course à pied.
Sentir le réveil dans les yeux croisés, entendre la circulation qui n’a pas dû cesser cette nuit. Se laisser emporter, au métronome des klaxons des taxis motos. Me souvenir qu’il y a un an déjà, mes pieds frappaient déjà cette rue droite, que je n’osais traverser. Alos continuer toujours tout droit ou bifurquer, à la rigueur sur ma droite. Sentir l’essence vendue dans des bouteilles, ici par une jeune fille, 15 ans? Plus loin deux garçonnets. Voir les publicités, les villes sont toutes les mêmes, banques, Telecom, banques, informatique, pommades… Puis « C’est parti! Avec les bus de la ville se déplacer est un jeu d’enfant », un jeune garçon tout sourire et sac à dos en 4 par 3, le long de l’avenue.
Longer l’immense mur d’enceinte de la Compagnie Electrique du Bénin, carrelé comme une piscine. Voir cet homme, moto et costume, arrêté, négociant une chemise avec un vendeur au béret blanc. Ce petit garçon, ponce une table juste devant l’atelier d’ébénisterie. Croiser un groupe d’hommes et de femmes, comme moi, courant. Humer à chaque instant que la circulation s’intensifie. Les échoppes qui ouvrent, alors chacun fait place nette, courbé, balais entre les mains. Passer des pavés, au sable mou puis à la terre rouge.
Sentir la chaleur lourde sur les épaules et faire demi-tour. Le soleil et le vent dans les yeux révèlent d’autres couleurs et parfums. Les braseros fraîchement allumés, une femme qui, assise au sol, râpe des noix de coco. Cet homme qui brique à l’éponge moussante les motos qu’il vend. Un bâtiment rouge que je n’avais même pas vu à l’aller se dresse, toujours le long de cette artère qui me semble encore plus longue maintenant.
Plus tard, le petit déjeuner. RV chez La Poz juste à côté du grand stade de Cotonou. Un thé, un sandwich: baguette grillée à l’omelette épicée. Ici, les sportifs des premières lueurs viennent manger et boire. Deux Guiness vides sur la table à côté. Les vendeurs ambulants viennent faire affaire: CD, livres pour enfants, citrons verts.
Vers Bohicon, par Porto-Novo.
Une langue de bitume et de chaque côté, la végétation, entre champs, forêt et plaines, les boutiques. Arrive la lagune de Porto-Novo. De fines pirogues aux hommes à filet animent le paysage. Ici ou là, un flamboyant attire le regard vers ses fleurs rouges, puis disparaît. Nous avançons. La terre semble rougir de plus en plus. Ne soit pas timide, je viens en amie.
12h04, pause au maquis.
Un maquis en rose et bleu. Béninoise ruisselante, arachides fraîches. A la table voisine, un groupe d’hommes discute avec force et conviction du président Yayi Boni puis des devoirs de l’homme qui prend plusieurs femmes. Ils me demandent de les prendre en photo. Ils sont ravis mais finalement on ne sait pas comment ils pourront les récupérer. « Il faudrait nous les laisser à Cotonou ». La musique joue avec le vent qui souffle toujours un peu.
Le marché de Bohicon.
Sous le soleil de l’après-midi, les couleurs, les parfums, les sons se mêlent, entêtent. J’ai perdu tout sens de l’orientation. Petites allées à droite, chemin à gauche, hangars aux épices, sous les arbres un peu de fraîcheurs. Chatons en cage, poulets au sol attachés. Plus loin, chemin des bouchers. Un homme veille sur chaque pièce de boeuf, pour en chasser les mouches. A l’angle, des femmes en sueur font frire des beignets. Graines de néré, de soja, lentilles dans d’immenses saladiers, petites lampes à pétrole vendues par les enfants. Ils sont nombreux et de tout âge. « Yovo, Yovo, comment ça va bien? » Et les motos qui continuent à se faufiler dans les étroites allées défoncées. L’odeur des gaz d’échappement est suffocante. Un pas, un klaxon. Un bouchon. Motos, femmes aux plateaux posés sur la tête. Une énergie folle se dégage de cet endroit.
Une énergie qui semble se communiquer. Quel beau billet!
Merci 🙂 Plein d’énergie encore à venir!
Hâte de lire la suite! 🙂 Bonne route à toi !
Si tout va bien, je poste la suite lundi soir… 🙂
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