Nouvelle rencontre du Dressing Ethique, avec la créatrice de la marque Origines Nomades. Quand entreprise rime avec inspiration, valeurs, poésie et conscience…
Qui êtes-vous, Emmanuelle?
Une voyageuse au grand cœur avec un rêve un peu utopique de changer le monde en changeant la mode…
Pourquoi la mode… et éthique?
Je suis tombée dedans par hasard. A 16 ans, j’ai décidé de m’orienter vers la couture et de fil en aiguille, c’est devenu ma profession. Apres plusieurs années à l’étranger dans la mode, entre production et distribution, mon expérience au Bangladesh m’a beaucoup marqué et j’ai décidé de quitter l’industrie de l’habillement, un monde qui marche un peu trop sur la tête à mon sens. Quelques années de bénévolat au Kenya et au Cambodge m’ont fait comprendre que seul un emploi stable rémunéré à sa juste valeur peut éradiquer la pauvreté. J’ai donc décidé de revenir dans la mode pour changer, à mon échelle, un peu les choses.
Origines nomades… pourquoi ce nom?
« Origines » car c’est un retour aux origines du produit. On se pose la question de la façon dont sont conçus les vêtements et qui les fabriquent. C’est un retour en arrière par rapport aux excès de la « fast fashion » : l’utilisation de savoir-faire traditionnel (tissage, broderie) dans des zones rurales !
« Nomades » car cela implique une ouverture d’esprit, c’est un appel au voyage, à la découverte des savoir-faire traditionnels. Les nomades sont également des communautés qui ont su trouver un équilibre entre leur mode de vie et l’environnement. Chaque chose à sa place et chaque place est respectée !
Pourquoi le Kenya?
Suite à mon expérience au Kenya, j’ai rencontré des organisations travaillant dans la mode. Dès le début, je souhaitais retravailler avec le Bangladesh et pour cette seconde collection, l’appel du Bangladesh a été le plus fort. La collection est à 80% fabriquée là-bas. Les différents projets avec lesquels je travaillais au Kenya ne sont néanmoins pas laissés pour compte. Certains ont augmenté leur production avec leurs clients principaux et d’autres ont développé leur propre marque. Le tricot sera toutefois toujours réalisé au Kenya.
Alors pourquoi le Bangladesh ? Parce que c’est là que toute ma réflexion a commencé. Aujourd’hui, ce pays véhicule une très mauvaise image résultant des différents incidents de ces derniers mois. Cependant, l’artisanat est très riche et le tissage manuel permet de faire des choses extraordinaires. Ce pays offre beaucoup de possibilités qu’il faut mettre sur le devant de la scène.
Pour quelles femmes créez-vous?
Je crée pour les femmes qui veulent comprendre l’origine d’un vêtement et le travail que cela implique. Les pièces ont une histoire et chaque femme qui les porte donne une nouvelle phase à la vie du produit. Les styles sont intemporels et ne collent pas forcement aux tendances. Pourquoi devrions-nous être toutes habillées de façon semblable ?
Quels créateurs vous inspirent?
Je ne m’inspire pas vraiment des tendances car je souhaite faire des pièces qui traversent le temps. Cependant, j’aime les valeurs que véhiculent Stella Mc Cartney et Vivienne Westwood. J’apprécie également le travail de Jean-Paul Gaultier qui intègre beaucoup de détails ethniques dans ses collections.
Pour l’instant, aucune marque de mode éthique ne m’a entièrement séduite. Toutefois, je trouve que Safia Miney, la fondatrice de People Tree fait un travail formidable et certaines de leurs robes ont des coupes assez sympas. J’aime les basiques d’Ekyog.
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Hum… J’ai craqué sur l’écharpe CHODDO… Je vous dirai bientôt comment elle est en vraie, autour de mon cou… 🙂