C’est l’incompréhension qui règne dans les rangs des collectifs Alternatiba et des mouvements citoyens écologistes mobilisés pour la COP21 un peu partout en France.
Suite aux attentats de Paris, l’état d’urgence a été décidé. C’est dans ce cadre que la grande marche pour le climat prévue à Paris le dimanche 29 novembre a été annulée. Les mouvements, au regard de la situation, ont proposé des alternatives telles que StandUp4Climate ou March4Me. En parallèle, des marches en province étaient programmées samedi 28 novembre. Tout au long de la semaine, les arrêtés d’interdiction ont été pris, notamment en Normandie, interdisant les rassemblement à Caen, Le Havre et Rouen. Déjà, de nombreuses questions secouent les mouvements citoyens engagés dans la lutte contre le dérèglement climatique: les rassemblements imaginés comme conviviaux, festifs, non-violents doivent-ils se tenir de façon informelle? Faut-il se contenter de mobilisation virtuelle? L’état d’urgence a-t-il vocation à interdire des mouvements citoyens positifs? Faut-il choisir la désobéissance civique?
État d’urgence contre le climat?
Aujourd’hui, 27 novembre, l’incompréhension a grimpé d’un cran. A Rouen, 5 militants d’Alternatiba ont été convoqués à l’hôtel de police pour se voir notifier l’arrêté d’interdiction de manifestation. Devant l’officier de commandement, ils ont dû parapher chaque page de l’arrêté, signer un procès-verbal sur le déroulé de la convocation.
Une personne convoquée précise
« J’ai demandé pourquoi on me notifiait l’arrêté. Je n’ai pas eu de réponse. Est-ce que ça veut dire que si moi je suis dans la rue demain, on m’arrête, menottes aux poings? »
Au Havre, les membres d’Alternatiba ont été sommé de retirer leurs appels à rassemblement ou « accueil citoyen » sur les réseaux sociaux. Des échos précis arrivent d’autres régions: des militants écologistes citoyens sont assignés à résidence.
Qu’encourrent-ils? A Rouen, l’arrêté d’interdiction désormais paraphé de leur main fait référence à l’article 431-9 du code pénal:
Est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende le fait :
1° D’avoir organisé une manifestation sur la voie publique n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration préalable dans les conditions fixées par la loi ;
2° D’avoir organisé une manifestation sur la voie publique ayant été interdite dans les conditions fixées par la loi ;
3° D’avoir établi une déclaration incomplète ou inexacte de nature à tromper sur l’objet ou les conditions de la manifestation projetée.
Chacun comprend le bouleversement engendré par les attentats de Paris ce 13 novembre. Personne ne comprend pourquoi une telle pression est mise sur les citoyens militants pour le climat et le bien-vivre sur la planète.