Voilà, je viens de terminer ce bouquin écrit par Christophe Guilluy, géographe.
C’est en écoutant Les Matins de France Culture que j’ai découvert le livre. Je l’ai tout simplement trouvé passionnant parce qu’il sort radicalement des sentiers battus et porte un regard, pour moi nouveau, sur les fractures territoriales qui se jouent en France et quasiment partout ailleurs. J’ai vraiment envie que vous vous empariez de ce livre à votre tour alors je vous propose ici quelques thématiques traitées dans La France périphérique:
Les couches supérieures, protégées de fait par un statut social, des revenues et/ou leurs choix résidentiels et scolaires sont-elles susceptibles d’entrendre la complexité du rapport à « l’autre »?
- On (média, politiques) focalise sur les banlieues comme l’Espace de contestations alors que cette grande contestation viendra tout autant voire plus précisément des zones maillées de petites villes, à l’image du mouvement des Bonnets Rouges,
La représentation misérabiliste de l’immigré a longtemps masqué un élément essentiel: celui qui part n’est pas le plus déshérité. L’immigration de personnels qualifiés tend d’ailleurs à s’intensifier dans bon nombre de pays du Sud qui perdent ce dont ils ont besoin.
- La sacrosainte Mobilité est l’appanage des métropoles et des classes supérieures. La France périphérique est sédentaire du fait de contraintes liées aux prix de l’immobilier, des coûts des déplacements, … mais aussi par nécessité de refaire corps social à échelle humaine,
Des territoires populaires « sans mixité » se dessinent tout autant dans la « France périphérique » qu’en banlieue. Le plan « mixité » des classes dominantes s’est donc fracassé sur le réel, celui des classes populaires. La xénophobie l’aurait donc emporté? La preuve par le vote FN surreprésenté dans la « France périphérique »? Le communautarisme l’aurait donc emporté en banlieue? La preuve par l’islamisation? Non
- La société multiculturelle dont la mixité est le coeur est vécue au quotidien par les classes populaires et non par les classes supérieures qui ont les moyens de la frontière invisible. Se pose ainsi à ces classes populaires, déclassées, la problématique de la gestion des continuums socioculturels en perpétuel balancement entre les perceptions d’appartenance soit à une majorité soit à une minorité culturelle dans leur village,
La question d’un modèle de développement économique alternatif sur ces territoires est désormais posée
- Le jeu politique actuel gauche/droite va rapidement laisser place à deux idéologies très différentes: celles des métropoles mondialisées, celle de la France périphérique en demande de protection et de dynamiques relocalisées,
Sans une implosion du système politique traditionnel et la création ou le renforcement d’institutions susceptibles de représenter cette France populaire, le morcellement et l’éclatement de la société française paraissent inéluctables
- Le redéploiement des outils de la politique de la ville témoigne de cette prise de conscience des Périphéries: les petites et moyennes villes où la pauvreté croît,
Or, contrairement à ce que l’on croit, le diagnostic rationnel, objectif, est celui des classes populaires, car ce sont elles qui vivent au quotidien, depuis trente ans, les effets de la mondialisation (stagnation ou délfation salariale, précarisation, chômage, fin de l’ascension sociale)
Le livre se lit très vite et invite vraiment à se questionner, à repenser de peut-être fausses évidences sur les territoires, la réalité quotidienne de la pauvreté, etc. J’aurais aimé qu’il soit plus long pour que de plus nombreux détails nous soient livrés, que les arguments et positions soient encore plus étayées. Pour autant, la bibliographie proposée est riche…
A chaque page se succèdent des temps forts que je voudrais tous vous partager… mais à vous de partir à la conquête de la France périphérique.