Je suis tombée sur un article « Spectacle de la nature et classe créative », écrit par Emmanuel Paris, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris XIII. Il contribue également à l’institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI).
J’ai l’impression de ne pas être d’accord avec tout ce qu’il écrit, mais l’article ici de 10 pages ressemble à une synthèse synthétique, brève et courte. J’ai donc le sentiment qu’il me manque des démonstrations pour être convaincue par les différents arguments ou constats exposés.
Néanmoins, je souhaite partager ici quelques phrases, quelques questions soulevées…
– A travers la mise en scène de la nature par les créatifs, sur le principe du storytelling, l’économie libérale tente de renouveler le désir de consommer: consommer autrement mais toujours consommer.
– Une certaine aisance sociale constitue un critère fort de la disponibilité aux messages de l’écocitoyenneté.
– les ancrages territoriaux et la catégorie socio-professionnelle caractérisant essentiellement la classe créative sont les mêmes que ceux des votants d’Europe Ecologie.
– ce sont les questions énergétiques qui priment auprès des votants Europe Ecologie, plutôt que les enjeux liés à l’humain (inégalité, …)
Delà, j’ai envie de savoir qui se cache derrière cette expression de « classe créative »… Ni une ni deux… Google – classe créative… Et voilà:
Ce concept a été développé par Richard Florida, universitaire nord-américain. En gros, la classe créative, ce sont des urbains, ouverts, connectés.
Il parle des 3T (pas le mini boys-band, vous vous souvenez??): « TECHNOLOGY, TALENT, TOLERANCE ». Cette classe serait porteuse d’innovation, de croissance, de diversité, d’attractivité des villes, … Il place la pierre angulaire du développement au niveau du capital humain, avant le territoire, avant l’idée du progrès, … Selon lui, l’aménagement du territoire devrait se construire autour de l’enjeu de capter cette population, source de richesses (dans un sens large: richesses humaines, sociales mais aussi économiques), plutôt que de capter des industries, des entreprises. Pourquoi? Car ce sont ces personnes qui feront ensuite venir à elles, voire créeront, les entreprises. Cette classe créative représenterait 30% des actifs nord-américains.
Dans son article, il me semble qu’Emmanuel Paris en a une approche plus restrictive: les créatifs des médias, de la publicité, du marketing.
Néanmoins, ce que j’aime dans la théorie de Florida, c’est qu’elle souligne l’importance de la diversité pour faire naître la créativité. J’apprécie aussi qu’il dissocie: 1, le potentiel créatif et 2, du niveau d’études. Le 2nd peut contribuer au 1er mais le 1er ne découle pas que du 2nd!
J’adhère moins au principe de l’urbanité. Je pense qu’il y a un certain constat qui appuie sa théorie mais delà à ce que cela soit porté au niveau du principe…
De toute façon, je ne suis pas chercheur, juste une blogueuse du dimanche donc je laisse aux universitaires le soin de décortiquer, critiquer tout cela.
Ce qui m’interpelle néanmoins, c’est le rapprochement avec le vote Europe Ecologie.
Je me suis donc amusée à lire un rapport Opinion Way – L’opinion dans tous ses états – spécial régionales 2010 (rapport publié avant les élections, je précise). Des enquêtes menées auprès de ces électeurs aux élections européennes de 2009 démontrent que les votants:
– viennent principalement de la gauche, gauche, quand ils ont plus de 60 ans (les 2/3 des plus de 60 ans)
– viennent dans des proportions non négligeables (30%) du centre ou de la droite lorsqu’ils ont moins de 25 ans
– ont une approche du vivre ensemble qui oscille entre la gauche classique et le centre-gauche (oui au service public, oui à moins de fonctionnaires, oui à la rémunération au mérite des fonctionnaires, oui à la capitalisation pour les retraites)
– ont un ordre de priorité qui m’étonne: énergie – emploi – transports – logements – inégalités sociales – santé (certainement une hiérarchisation liée aux catégories socio-professionnelles)
– ont confiance en l’Europe
– imaginent le mouvement comme restant autonome, contribuant aux réflexions de différents partis politiques
– ont un profil sociologique « CSP+ », plus marqué que la structure de l’ensemble de la population française.
Ces différents constats me rappelle une étude que j’avais lue il y a quelques années sur les consommateurs du Bio: les bobos, plus par affichage ou tendance que par conviction / les retraités du monde de l’enseignement / les militants (décroissants, Latouchistes, …). Bon, là je caricature un peu, mais ça ressemble assez à ça.
Je me rends compte que je suis longue, mais je trouve ces sujets passionnants et j’essaie en amateur de pouvoir partager ces questions avec le plus grand nombre…
Pour rapprocher la classe créative des votants Europe Ecologie, je suis allée lire une étude de l’INSEE sur la localisation de cette classe…
En France, 16% des emplois relèvent de la catégorie « classe créative » en 2006; et ce en utilisant une catégorisation à la française. La catégorisation de Florida amenant ce taux à un peu plus de 25%. Forcément, pour sortir ces chiffres, il faut lister des emplois dits créatifs: artistes, chercheurs, métiers de l’informatique, design, médias, et puis certains métiers du droit, de l’éducation, de la santé… enfin, j’avoue que tout ça n’est pas suffisamment étayé à mon goût…
Il ne me reste plus qu’à regarder où on vote Europe Ecologie, en m’appuyant sur les élections régionales de 2010…
– Ile-de-France: 57% des vois à gauche dont 16,5% pour EE
– Alsace: 39% des voix à gauche dont 15,5% pour EE
– Rhônes-Alpes: 51% des voix à gauche dont 18% pour EE
– PACA: 44% des voix à gauche dont 11% pour EE
– Midi-Pyrénées: 68% des voix à gauche dont 13,5% pour EE
– Languedoc-Roussilon: 54% des voix à gauche dont 9% pour EE
– Aquitaine: 56% des voix à gauche dont 10% pour EE
Mais ce parti a aussi eu de bons résultats en Bretagne, Poitou-Charente, Centre, … Alors y a-t-il une corrélation évidente? Mon raisonnement est forcément simpliste mais, à ma décharge, il est tard, qui rime avec… rien du tout, preuve que je ne suis capable de rien de mieux!!
[…] y a quelques temps, j’avais commis ce papier, concernant la sensibilité écologique de la classe […]