Etkie, ce sont des bracelets et des femmes…
Sydney est américaine, Garance est française. Elles se sont rencontrées à Istanbul en 2011. Sydney y a posé ses valises à l’occasion d’un échange universitaire, à la faveur d’une licence de géographie. Garance s’y arrête le temps d’un Erasmus, dans le cadre de sons cursus en école de commerce. C’est là-bas que l’aventure Etkie naît.
Le reste c’est Garance qui vous le raconte…
Observant le peu d’opportunités proposées aux artisanes turques, et comprenant que pratiquer cet artisanat était pour beaucoup d’entre elles la seule possibilité de reconnaissance extérieure et de sorties de leurs foyers, Sydney a décidé de rester un an supplémentaire en Turquie, pour créer Etkie. Elle s’est donc installée à Istanbul, en effectuant des voyages réguliers à Van, dans le Sud-Est de la Turquie, où elle a rassemblé des artisanes kurdes pour la première collection d’Etkie. Sydney est ensuite rentré aux Etats-Unis pour terminer ses études et établir le siège social d’Etkie à New Mexico.
Garance, avec une école de commerce, vous pourriez vous lancer dans une carrière immédiatement lucrative, dans de grandes entreprises, pourquoi développer un projet de mode éthique?
A vrai dire, je participe à ce projet plus ou moins directement depuis 2 ans maintenant, et quand l’opportunité s’est offerte à moi de pouvoir le développer à Paris, je l’ai donc immédiatement saisie. Je ne sais pas quels seront mes futurs projets professionnels, mais je pense que donner du sens à son métier, vu l’énergie et le temps qu’on y consacre, est essentiel.
Etkie, pourquoi ce nom?
Etkie signifie « impact » en turc! Nous pensons que cela illustre bien notre projet!
Qui sont ces femmes Navajo avec lesquelles vous travaillez? Comment sont-elles devenues parties prenantes du projet?
Sydney habite à quelques kilomètres d’une réserve Navajo, à New Mexico. Elle a découvert l’artisanat de ces femmes sur des marchés locaux, et elle s’est ensuite rendue dans des réserves pour rencontrer les artistes. Au bout de quelques semaines, une relation de confiance s’est établie entre Sydney et 2 artisanes, Dru et Dorthy. Toutes deux possédaient le savoir-faire et le talent nécessaire à la création de ces bracelets, et n’avait pas l’opportunité de l’exploiter. En prenant part au projet d’Etkie, elles ont pu quitter leur emploi précédent, peu valorisants, et se dédier à leur artisanat en obtenant une rémunération équitable et un statut officiel. Nous sommes actuellement en train d’envisager de collaborer avec d’autres amies de Dru et Dorthy, pour développer la collection Navajo.
Qui sont les clientes de Etkie? L’achat éthique est-il leur priorité?
Les clientes d’Etkie sont des femmes de tous les âges, qui souhaitent porter de belles choses, tout en étant attentives à leur provenance et à leur histoire. Pour beaucoup de nos clientes, l’achat éthique est une priorité, mais pour d’autres, c’est Etkie qui crée le lien entre mode et éthique, en prouvant qu’on peut fabriquer des produits branchés, tout en travaillant avec des artisans du monde équitablement, ce qui semble incompatible pour beaucoup!
Quelles sont les étapes de création d’un projet autour de la mode éthique, les principales difficultés que vous avez dû surmonter?
Dans un premier temps, quand le contact est établi avec les artisanes, s’ensuit une période de collaboration pour définir le design de nos collections, selon les motifs ethniques de leur communauté. Il faut ensuite créer les premiers prototypes, et procéder à des tests de qualité. Pour nous, le plus difficile est de construire une relation de confiance, entre les artisans et nous, et d’arriver ensuite à présenter nos produits et nous faire connaître sur des marchés européens, qui sont très sollicités.
De quoi êtes-vous la plus fière dans votre parcours avec Etkie?
De toutes les rencontres que cette initiative m’a offerte! Au cours des différentes collaborations, avec des artisanes turques, mongoles et Navajo, nous avons découvert de nouvelles cultures et techniques, mais surtout, nous nous sommes senties très fières de constater à quel point nos artisanes étaient reconnaissantes et fières de la valorisation de leur travail en travaillant avec Etkie, à travers de la formation, des salaires équitables et un statut officiel, dans des sociétés où elles sont souvent marginalisées.
Quels sont vos perspectives et projets pour 2014?
En 2014, nous espérons lancer une nouvelle collection Navajo, et développer nos collections turques et mongoles, aux Etats-Unis, mais également en France, où nous venons de lancer notre site internet! Mais nous sommes toujours à la recherche de nouvelles inspirations et cultures…
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Et bien de belles histoires comme celle-ci, ces rencontres, ces femmes, ça me donne envie de porter de jolies bracelets à mes poignets… (père Noël, m’entends-tu??)