La chaleur de l’air. Ou sa moiteur. Quelque chose de différent qui parcourt la gorge, emplit les poumons, se dépose sur la peau. C’est ce dont je me souviens. La porte s’ouvre, un pas, à peine, et la sensation déferle. Pleine et entière. Quelque chose se déverse sur mes épaules. Il fait nuit. Les lumières ne disent rien. Les enseignes fluorescentes. Les lampadaires le long d’une avenue un peu plus loin. Les immeubles de bureaux qui, je ne sais pourquoi, soulignent ici aussi leurs murs vides sous des néons blafards. Les phares filent dans un sens et dans l’autre. Comme partout comme ailleurs comme ici. La chaleur de l’air. Sa pesanteur. Mes vêtements se collent à ma peau comme pour dessiner une armure pour l’inconnu. Des voix lointaines, ne disent rien. L’épaisseur de l’air fait bloc devant moi, autour de moi. Dioxygène et dioxyde de carbone partout enveloppent le monde et pourtant la différence se sent se respire se recrache par la bouche et les narines. Je le sens se glisser à l’intérieur. Je ne savais pas que l’air allait jusque-là, jusqu’aux ongles, jusqu’aux veines, le long de ma colonne vertébrale, je le sens son mouvement est lent, pénétrant, inéluctable. Je regarde mes mains, l’air tremble entre mes doigts. Une goutte de sueur se fraye un chemin le long de mon coup. Vais-je tenir. Puis-je vivre avec cet air-là dans cet endroit où les lumières sont pareilles au lieu d’où je viens. Ce ne sont pas des questions. Il suffit de faire un pas de plus, traverser l’air comme il me traverse, me trouver un chemin comme la sueur invente de nouveaux sillons désormais le long de mon dos. La chaleur de l’air. Le traverser, le monde ou l’air, ce qu’il me reste à faire.
Nov
09