« Emploi des personnes en situation de handicap: vers une société inclusive »: faut-il conclure cette phrase par un point d’interrogation, d’exclamation, des points de suspension?
Dans tous les cas, les 500 personnes réunies à Caen le 6 novembre avaient une ambition: faire bouger les lignes en Normandie en travaillant mieux ensemble. Grande première, tout le monde était là: Agence Régionale de Santé, associations de terrain, Pôle Emploi, établissements du médico-social, Maisons Départementales des Personnes Handicapées, AGEFIPH, FIPHFP, Cap Emploi, … Rien que cela, c’était une réussite en soi alors quel plaisir d’être là à la manœuvre pour faire vivre les débats!
Dans le cadre du nouveau Plan Régional pour l’Insertion des Travailleurs Handicapés, tout le monde souhaite passer d’une logique de complémentarité à la responsabilité: on change de positionnement pour tout articuler autour du projet de chaque personne. L’intervention du sociologue Serge Ebersold aura d’ailleurs été particulièrement juste pour pointer les enjeux, les limites et les stratégies des politiques inclusives. Je me suis régalée à l’écouter.
Lors de cette journée, j’avais également la mission de conclure la journée en proposant une synthèse à chaud. La voici:
» Cette journée a commencer par un rappel d’un évidence, si seulement… l’égalité des Droits. Oui, cette société inclusive que chacun appelle de ses vœux, c’est « juste » une société où les Droits de chacun seraient respectés. Partant de là, en matière de handicap, la route est parfois pleine d’embûches. Accessibilité tiens…
Partager, coopérer, adapter, mutualiser, capitaliser, essaimer, tels sont les verbes qui semblent en cette fin de journée décrire le chemin à poursuivre pour une société inclusive. C’est ainsi et d’abord une culture commune qu’il faut propager dans toute la société, y compris les familles, les entreprises. Une culture commune pour alors coconstruire des trajectoires de transition. Non pas des trajectoires vers un point B prédéfini, mais pour inventer pour chacun le chemin et le point d’arrivée.
C’est faire environnement! En agissant sur le système, en légitimant chacun dans une logique de coresponsabilité pour que la personne, le « travailleur handicapé » – ne réduisons pas les personnes à ces deux lettres TH! – puisse s’épanouir dans la multiplicité de ses identités – être mari ou femme, être collègue, être parent, être citoyen, être ami, … – dans ses fonctions sociales à partir de ses réalités et ses envies.
Cela se joue dans les territoires. L’ambition politique partagée est bien présente. Reste à relever le défi de l’ancrer au quotidien dans les pratiques pour que les outils s’adaptent aux parcours et non plus l’inverse. Agilité et prise de risque naissent dans la gouvernance partagée, dans des coopérations au long cours, dès l’école, dans la formation ensuite, dans l’entreprise après, mais aussi dans les ESAT et les EA.
Oui, le milieu ordinaire ET le médico-social. J’ai bien compris à vous entendre qu’il ne s’agit pas ou plus de deux mondes mais d’espaces de construction de parcours professionnels où les passerelles sont nombreuses et solides. Les initiatives entendues cet après–midi en témoignent. Pourtant, il s’agit encore de passer de l’expérience voire de l’expérimentation locale à des pratiques généralisées. Vous avez les cartes en main & les travaux territoriaux qui viennent d’être annoncés à l’instant vont vous aider à changer la donne, dès maintenant. »