Le 29 mars, je co-animais un colloque organisé par l’entreprise Handiprint et le Crédit Agricole Normandie Seine sur le thème de l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap au Hangar 107 à Rouen, dans les locaux du Village by CA.
A cette occasion, après en avoir déjà parlé ici, je me suis plus particulièrement penchée sur les questions d’éducation et de formation puis à celle de la fonction achat en entreprise.
De l’école aux études supérieures: le handicap reste un frein
Même si les statistiques de scolarisation des enfants en situation de handicap évolue dans le bon sens, la situation n’est pas encore à la hauteur des attentes des familles. Les chiffres présentés lors du dernier Comité Interministériel pour le handicap montrent que plus l’enfant avance dans sa scolarité plus il est empêché: le taux de scolarisation baisse de façon significative dès le lycée pour encore s’effondrer dans le supérieur. Et tandis que le 4ème Plan Autisme gouvernemental est attendu sous peu, les acteurs de l’enseignement et du handicap attendent des moyens concrets: par exemple plus d’Assistants de Vie Scolaire et formés surtout! Il s’agit là d’un réel métier qui doit bénéficier de formation et de reconnaissance, y compris salariale. Tous les enseignants devraient également pouvoir se former, réellement au handicap. Une plateforme en ligne dédiée, sorte de MOOC des handicaps à destination du corps éducatif, est prévue pour le courant de l’année 2018/2019. Affaire à suivre.
Ce sont aussi les handicaps qui évoluent. Si les situations de mobilité sont plutôt bien accompagnées, les « DYS » (dyslexie, dyscalculie, …) sont de plus en plus nombreux et relèvent du handicap pour un certain nombre d’associations.
Il est aussi indispensable que les passerelles reliant monde de l’entreprise et de l’enseignement soient plus nombreuses, plus solides et pérennes. Des associations comme Handisup sont au cœur de cet écosystème souvent complexe.
Aux différentes étapes de la vie éducative des jeunes, c’est la fluidité des transitions qui constitue un enjeu central pour les différents acteurs réunis ce 29 mars. Rien que la tutelle de deux ministères différents – Education Nationale d’un côté et Enseignement Supérieur de l’autre – ne facilite pas ces passages… Enfin, à l’heure des diplômes, des aménagements doivent pouvoir être prévus lorsqu’un un handicap empêche de passer l’ensemble des examens… Une réflexion est à ce titre engagée en vue de la mise en place d’attestations de compétences.
Entreprises, vers une fonction Achat responsable
L’engagement des entreprises dans des politiques de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) peut être un levier pour structurer une stratégie de partenariats avec des (EA) Entreprises Adaptées ou ESAT (Etablissement & Service d’Aide par le Travail). C’est le cas de France Télévision qui a adossé sa politique d’Achats à la dynamique RSE et à sa « Charte Diversité ». Son Directeur Achats le dira, il faut démarrer avec des « coups sûrs », des prestations où l’offre des EA & ESAT correspond directement aux besoins: traiteur, D2E, espaces verts, recyclage, … Une fois que les habitudes sont prises il est alors possible d’aller plus loin, de diversifier les prestations, vers plus de valeurs ajoutées.
Dans les PME, il n’y a pas d’accord de groupe pour booster l’engagement. Alors peut-il s’agir tout simplement de rencontres, comme pour France Abysse Corp. Mais l’ambition peut être tout aussi forte, allant jusqu’à oser faire évoluer ses besoins pour rencontrer une offre. Et les EA & ESAT ne sont pas en reste côté innovation: la flexibilité, l’adaptabilité sont dans leur ADN et permettent, dans une logique de partenariats, de répondre aux attentes des entreprises ordinaires.
Que ce soit du côté des acheteurs ou des prestataires, la force vient du collectif. Bénéficier de la mise en réseau, répondre à plusieurs à une commande sont des moyens simples pour réussir l’achat responsable au bénéfice de l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Il faut avancer groupés!
Handicap, les mots pour le dire
Les associations étaient nombreuses dans la salle pour faire valoir l’importance du choix des mots. Au terme handicap, elles préfèrent le mot singularité ou l’expression Personnes Autrement Capables.
Les mots pour le dire auront aussi été ceux de Romain Brifault. J’ai eu le plaisir d’interviewer Romain, styliste et militant de la neuro-diversité. Il est autiste Asperger et son parcours scolaire a été semé d’embûches, mais aussi de belles rencontres. Un homme plein de talents et combatif. Dans les prochaines semaines, vous pourrez faire sa connaissance dans un livre dans lequel il revient sur son histoire, une grande Histoire.
Toutes mes références sont ici.