La perte de biodiversité fait consensus: faune, flore, la liste des espèces disparues ou en voie de disparition est bien trop longue. Sur l’ensemble de la planète, 60% des milieux naturels ont été dégradés sur les 50 dernières années. Le rythme d’extinction des espèces est près de 200 fois plus rapide – certains experts donnent une valeur encore beaucoup plus importante – que le cycle naturel. D’ici 2050, 20 à 50% des espèces pourraient avoir disparu.
Il faut la reconquérir, préserver ce qui peut l’être, restaurer aussi. C’est avec ce constat à l’esprit que la DREAL Normandie a organisé un séminaire de formation à l’attention des agents de l’État ce 8 décembre à Rouen.
Ordinaire, extraordinaire: la biodiversité tout court
Parce qu’il est indispensable de comprendre ce dont on parle, la journée était introduite par Thierry Lecomte, Président du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel. Autant vous le dire d’emblée, Thierry est tout simplement passionnant. Je l’écouterai des heures.
Il rappellera notamment que l’écologie en tant que science est toute jeune. C’est Ernst Haeckel, philosophe et biologiste, qui en 1866 la nommera. Le terme de biodiversité quant à lui voit le jour en 1988 et entre dans le champ public en 1992 lors du Sommet de la Terre de Rio. Une science récente et à la fois un défi immense aujourd’hui et pour l’avenir. Il soulignera l’enjeu d’équilibre entre les écosystèmes, de l’importance des interfaces entre les milieux, de la richesse qu’apporte la biodiversité, aux sols, à l’air, à l’eau, à nos vies tout simplement.
« La nature ordinaire d’aujourd’hui sera sans doute la nature extraordinaire de demain »
Il n’y a pas de tri à faire. La biodiversité – celle des abeilles, des vers de terre, des loutres, des étourneaux, des chardons – compte. Et rien ne changera si l’Humain ne se repositionne pas à sa juste place dans l’écosystème planétaire. Pas au-dessus, dedans.
En Normandie, la biodiversité est celle du bocage, des estuaires, des zones humides, des milieux ouverts, et de la ville aussi. Comment limiter la casse? Quelles bonnes pratiques? Quel rôle pour l’État?
Faire de la biodiversité un critère essentiel des projets
Durant cette journée, on s’intéressera à des projets routiers, à des parcs d’activités, à des ports, aux territoires touristiques, à la façon dont les porteurs de projets ont traité l’enjeu de la biodiversité, avec leurs partenaires. Un message doit passer: les services de l’État doivent prendre en compte la biodiversité dans l’analyse de tous les projets qui leur sont soumis. Pour cela, les métiers évoluent. Il faut se former, il faut mieux connaître les acteurs de la biodiversité, il faut être non plus seulement instructeur, mais acteur des projets. Et les porteurs de projets sont prêts à jouer le jeu. Il suffit de les rencontrer tôt et d’être force de proposition.
« Les services de l’État doivent oser être force de proposition pour faire évoluer les projets vers une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité »
Denis Rungette – DREAL
Si c’était aussi simple qu’une vidéo d’animation!
Mais les clés sont bien là: repenser la ville, les territoires à l’aune de la biodiversité.