Cet après-midi se tenait dans les salons de l’hôtel de ville de Paris une table ronde intitulée « Economie circulaire, changement climatique, même combat ! ». Organisée par l’Institut de l’Economie Circulaire, elle réunissait un plateau de cinq invités de marque, cinq (ex)ministres : Corinne Lepage, Brice Lalonde, Serge Lepeltier, Pascal Canfin et Delphine Batho.
Tous les cinq étaient globalement d’accord sur tout. Oui, la lutte contre le dérèglement climatique et l’économie circulaire vont dans le même sens. Il faut faire bouger les lignes.
Sur les constats d’abord. Sans doute Delphine Batho était-elle la plus claire et la plus percutante.
S’accrocher à l’idée d’un retour à la croissance à l’ancienne est inopérant
Pour elle, les élites, les grands corps sont prisonniers de raisonnements du siècle dernier, ne perçoivent pas que l’écologie est LE sujet du XXIème siècle. Corinne Lepage souligne même l’incohérence des politiques publiques.
Tous s’accordent à dire que la société civile est en mouvement, les entreprises aussi. Et que les gouvernants patinent. Corinne Lepage évoque le marché du carbone si loin de ce qu’il devrait être. L’exemple de la taxe carbone aura été largement abordées. Pour Delphine Batho, la baisse du prix du pétrole est une occasion formidable de la mettre en place… D’ailleurs, selon Serge Lepeltier, sans cette taxe, aucun des résultats espérés de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne seront atteints.
Mais quels freins alors si tout le monde est d’accord? Serge Lepeltier dira que le problème, c’est que les élus veulent être réélus (je crois que j’aurais pu mettre des guillemets!!). Pascal Canfin évoque même tous les murs contre lesquels ils se sont tous les cinq heurtés, évoquant le risque du cynisme… Concrète, Corinne Lepage est on ne peut plus claire:
Il y a un problème de rapport de forces : les entreprises du nouveau monde ne sont pas celles qui tiennent le manche en France…
Brice Lalonde aussi a donné de la voix
Les gouvernements sont affolés par l’absence de croissance et choisissent la facilité: des politiques du consommer/jeter
Il portera aussi les débats à l’échelle internationale. Les Objectifs de Développement Durable, les attentes des pays (en voie) de développement, les expériences qui voient le jour partout et qu’on ne sait pas assez voir depuis l’hexagone.
Alors oui à la vision systémique, à une bascule pleine et entière dans le monde d’après, changement de logiciel de matrice, oui à la construction d’un imaginaire collectif positif et soutenable. Il faut conduire le changement. Ce sont les mots de Pascal Canfin.
Une des clés se trouve dans la jonction entre la révolution numérique et l’économie verte
Il constate alors le retard français en la matière et place ses espoirs dans trois mots: « Care – Share – Dare ».
Malheureusement, il n’y avait pas de débat avec la salle. Des choses intéressantes ont été dites mais je suis restée sur ma faim. Oui, la société civile bouge, partout et les politiques -il ne faut pas caricaturer tout de même mais ils l’ont dit eux-mêmes aujourd’hui – sont empêtrés dans le passé.
Et l’abstention dans 15 jours, et l’appétence partout, simultanée, de plus en plus forte pour la res publica, ou pourrais-je dire le bien commun…