Le gouvernement planche sur un projet de loi sur la Mobilité, qui sera débattu par les parlementaires au premier semestre 2018. Cet hiver, place à la concertation. Dans chaque Région, deux ateliers territoriaux sont organisés afin de faire remonter des attentes, des propositions pour bouger les lignes des mobilités de demain.
Les Assises de la Mobilité, c’est une dynamique de concertation, qui s’appuie sur une plateforme Internet où toute personne peut déposer une contribution jusque fin novembre. En Normandie, la DREAL a organisé un atelier dans le Perche et un second dans le Roumois. J’ai accompagné les équipes sur la conception et l’animation de ces deux rencontres.
Le Ministère a souhaité obtenir des remontées du terrain. Des terrains pour être précises puisque des typologies de territoires étaient recherchées: périurbain, métropolitain, rural, … De plus, était prévus six angles pour aborder les questions des mobilités:
- plus propres
- plus connectées
- plus intermodales
- plus solidaires
- plus sûres
- plus soutenables
Un dialogue au-delà des seules limites administratives
C’est dans une ambiance conviviale, où la parole a pu circuler librement, que les participants ont travaillé ces différentes questions.
Il ressort des débats un enjeu largement partagé : La mobilité, les mobilités de demain doivent s’appuyer sur une mise en dialogue de ces problématiques à l’échelle des bassins de vie, dépassant les seules limites administratives. Le dialogue doit également permettre d’optimiser, rationaliser et de fait améliorer les solutions existantes. Pour ce faire, ce sont les AOT, les entreprises, les sociétés de transports (privés et publiques), les associations, les collectivités, les habitants qui doivent partager les données à leur disposition : l’open data au service des mobilités locales.
Ce dialogue doit par ailleurs s’étendre à la question de la desserte ferroviaire du territoire.
Autre point essentiel des débats, le financement : les solutions pour une mobilité d’avenir doivent être pérennes, afin d’induire de réels changements de comportement. De fait, des financements adaptés doivent être mobilisés, y compris avec un volet d’incitation fiscales aux mobilités collectives et/ou propres.
Une bonne desserte numérique à mettre au service des mobilités connectées
Les solutions digitales ont été également abordées. Elles doivent être déployées pour que l’offre de mobilité soit agile et accessible à toutes et tous : bornes de covoiturage connectées, autostop organisé, solutions de paiement intégrées, intermodales et disponibles sur smartphone, application téléphonique d’intermodalité, …
Mais ces solutions nouvelles ne pourront voir le jour que si la mise en musique de l’offre, des parties prenantes, est pilotée localement.
« Il faut un chef d’orchestre pour conduire le territoire vers les mobilités de demain. »
Cette dynamique territoriale renforcée pourra alors répondre aux attentes des populations, avec le souci constant des personnes dites empêchées : personnes âgées, familles économiquement fragiles, …
Optimiser, harmoniser & compléter
S’agissant des territoires ruraux, les déplacements sont le plus souvent obligatoires, résultent de besoins incontournables : emploi, scolarité & formation, santé, … L’offre locale actuelle de mobilité est souvent connue. Pour autant les attentes restent fortes. De la sécurisation des axes pour éviter les conflits d’usage (vélos, tracteurs, camions, voitures individuelles, …) à l’harmonisation des offres entre territoires, en passant par l’appui aux initiatives privées (autostop, covoiturage, …) ou encore à la mise en place de systèmes financiers adaptés aux foyers aux revenus les plus modestes (autoécoles et garages solidaires notamment), les participants ont formulé des attentes fortes.
« Les mobilités de demain devront répondre à la diversité des besoins : les jeunes, les parents, les seniors ne pensent pas les mobilités de la même façon. »
Les enjeux relatifs au déploiement de la voiture autonome, de véhicules électriques à autonomie réellement attractive, et aux applicatifs numériques de facilitation étaient également au cœur des discussions : La « Smart City » doit aussi et nécessairement concerner les territoires ruraux tels que le Perche.
Dépasser la culture de la voiture individuelle
La mobilité de demain, c’est aussi un changement de culture. Un nouveau modèle qui interpelle l’aménagement du territoire au sens large : accessibilité des services, concentration de l’emploi, vieillissement de la population & logements, …
« Il ne suffira pas de remplacer un moteur thermique par un système électrique ou hydrogène. Il s’agit de passer de la culture de la possession, à des mobilités partagées & collaboratives. »
Demain les mobilités devront d’abord répondre à des besoins pluriels. Alors faut-il repenser la notion de propriété pour avancer vers les logiques de fonctionnalité. Et le concept de fonctionnalité ne pourra être abouti qu’à la condition de penser conjointement intermodalité, solidarité, digital tout en répondant aux impératifs écologiques du siècle.
Mes références dans le domaine de la transition énergétique & écologique.