Tu es allongée. Le sol n’est pas froid. Tu sens tout. Contre ton cou des brins d’herbe. Contre ton dos un insecte. Contre ta peau le soleil.
Tes poignets contre ton ventre se soulèvent alors
tu ouvres les yeux. Ils se sont ouverts. Doucement les paupières
repliées.
Allongée. Sur le sol. Sous le ciel.
Il est loin il est bleu. Il est mou il est blanc. Il te touche il s’éloigne. Il file. Il reste.
Au-dessus d’un corps immobile, le tien. Et l’insecte avance. Comme le ciel sur la terre.
Molle comme le ciel.
Il fuit d’un côté revient de l’autre. Il tourne au-dessus. D’un corps allongé.
A force d’être, le ciel devient, tien alors
tu ouvres la bouche. Elle s’est ouverte. Le ciel entre. Tout entier, le ciel. Un nuage puis l’autre.
Le blanc entre le bleu entre l’air entre le vide entre.
Tout entier le vide dans ton corps, devenu ton corps, devenu le ventre, devenu le vide.
Tout entier le vide sous l’insecte minuscule. Tout entier le vide plaqué au sol. Le vide n’est pas froid. Ton corps est le vide qui avale le tout.