(être une maison hantée. Au-dedans du corps résident les sons d’anciennes vies. Oreilles habitées des mémoires d’un jadis. Une maison hantée. Les bruits sous une couche de poussière, infime, un souffle et les draps se soulèvent. Ne pas respirer, ne pas les chercher, ne pas leur donner de mots. Fuir leurs craquements, éviter leurs vibrations, étouffer leurs fracas. Leur refuser l’alphabet des souvenirs et la ponctuation des histoires. Qu’ils restent fantômes en attente d’exorciste. Maison hantée. Leur opposer un talisman pour les priver. Ni résonnance. Ni écho. Hantée des bruits de l’ancien monde. Supprimer le bruit de fond. Survivent les voix claires au présent, en éclats. Que les lames émoussées se taisent. Maison hantées de couteaux. Nettoyer le bruit de fond dans les couloirs et les veines, sombres le couloir et les pièces à côté. Ne pas poser l’oreille contre, tout contre le mur. Maison hantée de bruits abandonnés, personne n’a ouvert les fenêtres qu’ils se perdent dans une bourrasque, se mêlent à un feuillage vert, s’endorment dans un nid, trouvent un autre foyer. Braises, maison hantée en flammes. L’oublier, en perdre la clé enfin la poussière épaisse pour silence, pas un pas, pas un son. Fumée épaisse elle aussi, vers le ciel. Supprimer le bruit de fond. Ecouter le feu crépiter, courir s’éloigner. Rire, fort)
Avr
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