Un pot de terre cuite d’un balcon appartenant au ciel. Feuilles de menthe coupées jetées au pichet, eau fraîche d’un jour. 10ème étage
en panne alors, cavalcade
de pas
résonnent dans la cage tourbillon
d’éclats de sauts
croisent la main qui s’agrippe ascension douloureuse
soulèvent le cabas aux fanes qui s’agitent saluent le geste
merci les enfants panier déposé, 6ème porte B. Et les rires et les pas
reprennent
le premier arrivé le dernier descendu
le hall sa lumière rebondit de boîtes en boîtes aux lettres, un coup d’œil
enfin dernier saut
toucher terre. Les pas
font silence au premier contact du béton, immeuble gris droit solennel une pancarte dit résidentialisation
se glissent en-dessous
s’y suspendent grimpent sautent
la fougue de ces pas.
une haie longe maintenant la tour carrés d’herbe des chemins ont été dessinés petits graviers blancs c’est ici qu’il faut marcher voie du passage vers la tour suivante et le bus mais les pas
ouvrent des brèches
jaillissent de la haie
se cachent sous le feuillage du plus vieil habitant
se racontent en secret une histoire impossible pourtant
sous l’arbre
tout est toujours vrai malgré
le béton les yeux
sont immenses à happer les récits puis
suivent la piste du liseron
débusquent le chiendent
un sillon s’ouvre
sous la jaune bénédiction des pissenlits, la terre sèche
après la pluie et l’été,
les pas, navigateurs
trouvent une terre nouvelle, hors des chemins balisés, au long court
inventent une direction aux étoiles, graviers blancs
délaissés.
Cueillent les fleurs à souffler pleine poignée
courent dans l’herbe
laissent matin une trace dans l’humide, à peine de la boue aux semelles,
l’empreinte,
d’une voix d’un pas mentholé depuis
est restée
de cavalcades
d’années à dessiner des chemins de traverse,
d’années à préférer ces chemins insoupçonnés,
d’années à choisir les chemins du désir.
Texte publié dans la revue « Les villes en voix » pour l’édition « Villes en herbe »