Une polémique vient de naître autour de l’initiative des #podcastéoAwards2018. Il s’agit de voter pour des podcasts dans différentes catégories à partir d’une liste née des propositions des membres de ce même réseau. Le classement des propositions qui ont amené au formulaire de vote est ici.
Comme cela a été souligné, les femmes y sont sous représentées. C’est un fait incontestable. Oui, pourtant les femmes méritent autant que les hommes d’être entendues, dans la sphère du podcast, comme dans toute autre.
Je suis une femme, j’ai créé un podcast et je suis membre du réseau podcastéo. Ce réseau compte 4 femmes parmi une quarantaine de membres. Les femmes créent 10% je crois (ou un peu plus) de l’offre de podcasts en France. Voilà pour les constats de départ.
Tout cela me tracasse, sincèrement. Dans un monde où la domination masculine mène la danse, je crois fermement être féministe et vouloir que les femmes aient voix au chapitre. D’ailleurs, dans mon podcast #2050, je m’attache à autant donner la parole à des femmes qu’à des hommes. Et comme 140 signes me semblent insuffisants, je vais tenter de rendre compte de ma perception des questions du jour, regard qui m’appartient et forcément parfaitement imparfait.
- Le réseau podcastéo est-il légitime à soumettre au vote, des podcasts choisis par ses membres? Je pense que oui. Il n’est rien de plus qu’un réseau informel de créateurs de podcasts. Pour entrer dans ce réseau, il suffit de frapper à la porte du Discord. De dire « Salut! Vous me faites visiter? » Et hop le tour est joué. Le critère du sexe n’est pas une clé d’entrée. Seule l’envie de partager compte (et celle de participer à la production d’un podcast hein quand même!). Résultat? Ce réseau n’est pas paritaire, ni représentatif. D’ailleurs, la question de la place des femmes dans les podcasts fait partie de nos discussions internes. Légitimité de la sélection issue de nos votes? Elle n’est que la nôtre, celle de personnes faisant et aimant le format podcast. Nous ne sommes qu’une goutte d’eau mais nous aimons finir ou commencer nos journées en écoutant, créant des podcasts. Nous ne sommes pas un panel, nous ne sommes représentatifs de rien sauf de nous-mêmes. Nous n’avons qu’une passion à partager, amoureuses et amoureux du podcast que nous sommes. Nous avons proposé ce que nous aimons. Au-delà du vote, simple prétexte, c’est surtout de les faire découvrir qui compte. Faut-il être représentatif pour partager ce que l’on aime? Notre subjectivité est notre sincérité.
- Pour donner aux femmes la place qu’elles méritent, aurait-il fallu créer une catégorie « podcasts de femmes »? Là, j’ai hésité mais finalement le non l’a emporté. Pourtant, sur certains sujets, je suis assez favorable au principe de « discriminations positives éphémères »: utiles pour booster les changements que la société n’active pas. Et pourquoi pas pour les podcasts? En tant que femme, et étant directement concernée par le schmilblick, je n’aurai pas aimé être enfermée dans une case. Je vaux autant que ces messieurs et à moins qu’il y ait une catégorie « podcast d’hommes », la proposition « podcast de femmes » me serait apparue inappropriée. Ou alors une catégorie « podcasts féministes » ce qui serait plus ouvert. Dans tous les cas, l’inégalité qui résulte des premières propositions et qui résultera des votes in fine souligne l’importance de faire bouger les lignes: inviter des femmes à rejoindre le réseau podcastéo, plutôt que de seulement les attendre? Créer une plateforme référençant et assurant la promotion de toutes les voix de femmes dans le podcast? Créer des awards #VoixDeFemmes?
- Ces #PodcasteoAwards2018 sont-ils légitimes pour proposer des podcasts de personnes à la fois dans et hors du réseau podcastéo? Oui. Ces Awards ont pour ambition de faire découvrir au public les podcasts que nous aimons, que nous écoutons d’où qu’ils proviennent. Je prends mon cas: j’ai proposé des podcasts qui selon moi mériteraient d’être largement plus écoutés: La diagonale du vide, OZEF, PimPamPoum, et d’autres. Mais j’ai aussi voté pour Super-Héros ou la communauté Riviera Ferraille que je trouve époustouflante même si elle n’a absolument pas besoin d’une reconnaissance Podcasteo pour exister. Remarquez: je n’ai cité ici que des podcasts d’hommes. Ça aussi, a posteriori ça me remet en question…
- En tant que femme, se revendiquant féministe, dois-je intégrer l’approche de genre dans mes choix d’écoute et dans ce que je veux (ou dois?) faire découvrir? Le fait de me poser la question me ramène finalement assez vite à une certaine sérénité. Non, car je ne peux me trahir. Dans mes propres choix d’écoute, le sexe de l’hôte d’un podcast n’est pas un critère préalable. Par contre, quand je trouve mon compte dans un podcast animé par une femme, je me dis « c’est top cette nana qui me propose cet univers, cette vision du monde, etc ». C’est comme une cerise sur le gâteau. Et le monde ira mieux lorsque les voix de femmes dans les podcasts ne seront plus ma cerise sur le gâteau. Alors en attendant, comment passe-t-on d’un monde à l’autre? Que fais-je pour cela? Peut-être, sans doute, ne suis-je pas assez engagée. Mon podcast, c’est ma façon de faire entendre des voix qui veulent changer le monde, la mienne les accompagne simplement. Devrais-je écouter plus de podcasts féministes? Devrais-je surtout plus particulièrement promouvoir les podcasts de femmes? Je ne sais pas. La sororité réclame-t-elle cette prise de position? Suis-je une bonne féministe? Là encore je ne sais pas. Mais j’aime bien aussi ne pas savoir, douter (je doute beaucoup trop je crois… hum), et ainsi continuer à apprendre, à me remettre au cause, à être curieuse, à tâtonner quitte à me tromper mais expérimenter, échanger. Avec ces 1ers #PodcasteoAwards2018, justement, je crois que nous toutes et tous dans ce réseau, on tente, on doute, on discute beaucoup, sans certitude aucune mais enthousiastes & positifs.