La Région Normandie organisait il y a quelques jours une rencontre du Réseau Rural Normand. Première rencontre depuis que la Normandie est Une, cette journée portait sur l’innovation sociale et territoriale. J’ai eu le plaisir d’animer cette journée, riche & inspirante.
Les Régions sont devenues autorités de gestion des fonds du programme LEADER dédié au développement rural. 9 milliards d’euros à l’échelle européenne, dont 40 millions pour la Normandie. Ici, ce sont 17 GAL – « Groupes d’Action Locale » – qui construisent et animent ce dispositif sur les territoires ruraux normands dont la candidature a été retenue. LEADER doit servir le développement local, par l’innovation sociale, entre autres.
Innovation sociale: c’est quoi?
Une grande discussion était organisée en matinée pour définir et caractériser l’innovation sociale, tout en repérant les limites qu’imposent un cadre européen et/ou national trop rigide pour certains.
David Lamb du Réseau Européen de Développement Rural, Mylène Thou de Cap Rural, Boris Marcel de Europe Tomorrow et Philippe Durance de l’Institut des Futurs Souhaitables apportaient leurs regards croisés. Ainsi, deux vidéos réalisées par Cap Rural venaient en support aux échanges. Elles ont permis de dégager des points de consensus, mais aussi des divergences, notamment sur la place des pouvoirs publics dans l’innovation sociale.
Appropriation voire transformation par les usagers, par et pour les acteurs locaux, impact positif sur le territoire d’un point de vue social, environnemental ou encore s’agissant de la gouvernance locale, tels sont quelques uns des points de convergence pour définir l’innovation sociale. A l’inverse, elle ne peut-être une injonction descendante comme cela se voit trop encore dans les appels à projets. Par ailleurs, elle n’est pas forcément technologique. Et elle ne se confond pas forcément non plus avec l’entrepreneuriat social.
Innovation sociale: avec les pouvoirs publics?
La question de la place des pouvoirs publics aura été largement discutée: animateur de l’émergence de l’innovation sociale, financeur, porteur, catalyseur? Pour Philippe Durance, l’innovation sociale se définit en ce qu’elle naît et existe en dehors de tout champ institutionnel. Les élus présents dans la discussion, François-Xavier Priollaud – vice-président de la Région Normandie – et Jean-Luc Carpentier – président du GAL Roumois Seine, relèveront le carcan administratif, les « cases » à remplir qui ne s’ajustent pas à la transversalité, à la souplesse, à l’innovation tout simplement, sociale qui plus est. Quant au financement, la question de la mise en place de fonds d’amorçage a été posée et devrait être mise en débat dans les discussions sur la future génération de programmes LEADER, pour l’après 2020.
L’innovation sociale en cas pratiques
C’est ensuite tout l’après-midi qui était consacré à des ateliers de décryptage d’initiatives dans les domaines de l’habitat, de la revitalisation de centres bourg, de culture, d’intergénérationnel. Caractériser l’innovation sociale, en saisir les ressorts, s’en inspirer pour essaimer, pour faire mûrir les réflexions telles en étaient l’ambition.
En charge de l’atelier sur la culture, 3 initiatives témoignaient de dynamiques locales innovantes: la villa GREGAM à Grand Champ en Bretagne, les événements MUSEOMIX qui se déploient un peu partout en Europe et dans le monde et enfin l’école des spectateurs à Ducé.
Le supplément d’âme de cette journée? Il se nichait dans les coups de crayons et de pinceaux de Léah Touitou, illustratrice, qui toute au long des échanges mettaient en images la teneur des discussions. Pour moi qui animait, c’était un plus indéniable pour rythmer les discussions, relancer le débat. C’était tout simplement génial. Et ce n’est pas un sentiment isolé, tous les participants ont loué son travail! Filez découvrir son site!