Le 2 février dernier, le réseau Interbio de Normandie organisait, en partenariat avec la Région, une journée consacrée aux leviers de développement des territoires que porte l’Agriculture Biologique. Données, perspectives, filières, enjeux de demain étaient au programme des discussions qui ont attiré un large public. J’ai eu le plaisir d’en animer les débats et voici ce que je voulais en partager avec vous.
L’Agriculture Bio, une réponse pertinente et concrète
Dominique Gosselin, Président d’Interbio Normandie l’a expliqué. Face aux fractures sociales, territoriales, aux défis de santé publique, l’Agriculture Bio constitue une réussite concrète et pertinente.
Les chiffres de l’observatoire normand sont clairs: Que ce soit en France ou en Normandie, son essor est sans précédent. De 2015 à 2016, en France, le nombre d’exploitation progresse de plus de 10%, tandis que les surfaces progressent de plus de 20%. La Normandie compte désormais 1212 exploitations en Bio, représentant environ 64 000 hectares (y compris les terres en conversion). En 9ème position sur 13 régions, du chemin reste à parcourir en Normandie mais la dynamique est là. Et cette dynamique est vertueuse pour les sols, la biodiversité, la santé et l’économie des filières agricoles concernées.
La restauration collective, un RV raté
Une dynamique des territoires, une demande des consommateurs en hausse. L’équation est presque résolue. Mais manque le facteur « restauration collective ». Du moins, il manque du côté de l’arsenal législatif. La loi Egalité & Citoyenneté prévoyait en son article 192 qu’à l’horizon 2020, la restauration collective intègrerait 20% de produits bio et 40% de produits locaux. Patatra, l’article est censuré par le Conseil Constitutionnel car qualifié de « cavalier législatif », c’est-à-dire une disposition sans rapport avec le cœur du texte de loi qui l’abrite, disposition ajoutée à l’occasion du jeu parlementaire des amendements…
Malgré tout, les initiatives fleurissent autant que les coquelicots retrouvent un sol prometteur auprès des blés: défi familles à alimentation positive, collectif de consommateurs en entreprises, magasins de vente directe réunissant des producteurs, etc. Certains vont même plus loin, comme la commune de Mouans-Sarthoux.
Qualité de l’eau: prévenir plutôt que guérir
Il faut revenir aux fondamentaux. L’agriculture bio préserve la terre des intrans chimiques, des nitrates qui étouffent la vie des sols. Faire le choix du bio, c’est donc un choix d’avenir, qui a l’avantage d’être économique. Les études concordent, rendre une eau polluée potable coûte beaucoup plus cher que d’empêcher en amont l’arrivée de pollution. Des exemples concrets en sont la preuve, en Normandie, tels le site des Hauts-Prés.
C’est donc une aubaine qu’une filière lin Bio soit en train de se structurer, avec l’association Lin et Chanvre Bio. Parce que justement, les terres de lins sont des écosystèmes fragiles. Sols, eau et filière économique: quels acteurs sur la chaîne de valeurs, quelles innovations pour quels débouchés, quelles plus-values? Voilà quelques unes des questions que pose cette association qui commercialise d’ores et déjà une étole…
L’interbio, au cœur de la dynamique
Le réseau Interbio regroupe aujourd’hui Interbio Normandie, AgroBio Basse-Normandie et le GRAB Haute-Normandie. Ces structures devraient fusionner courant 2017 mais déjà elles se positionnent aux côtés des acteurs, agriculteurs, élus, collectifs citoyens, entreprises, de tous ceux qui veulent participer au développement de filières locales biologiques, et ce depuis de nombreuses années. Il leur reste à coup sûr du pain (bio) sur la planche: le représentant de la Région Normandie, Xavier Lefrançois – Président de la commission agriculture régionale – propose en effet 25% de la Surface Agricole Utile normande en bio d’ici 2022. Dans cinq ans.