Dimanche 5 juin, j’étais à Bourgtheroulde, à l’occasion du village durable organisé par le Pays du Roumois, à l’occasion de la Semaine Européenne du Développement Durable. J’ai eu le plaisir d’animer une table ronde suite à la projection du film La Terre en morceaux d’Ariane Doublet.
Les échanges ont été riches grâce à la présence de trois intervenants:
- Bruno QUESTEL, maire de Bourgtheroulde, Président du Syndicat d’Aménagement du Roumois et Conseiller départemental
- Jean-Pierre HOUDOU, administrateur de Terre de Liens Normandie
- Christophe LANCON, administrateur des Défis Ruraux et de Slow Food Terre Normande
Le public n’était pas en reste car les commentaires et questions ont été nombreux.
L’accès aux terres, le défi
La question qui a principalement retenu l’attention est celle de la difficulté d’accès des jeunes aux terres agricoles : tension sur le foncier, capacité d’investissement, … en sont les causes. C’est le cœur de l’activité de Terre de Liens Normandie, association qui assure une veille foncière et achète des terres, louées ensuite à des agriculteurs cherchant à s’installer. A une condition tout de même : mener une activité en agriculture biologique, dans un délai de 3 ans au plus. M. Houdou a malheureusement pu confirmer que les situations décrites dans le documentaire restent la réalité aujourd’hui en Normandie.
M. Questel propose que les collectivités, conscientes de ces enjeux, accompagnent chaque année l’installation d’un jeune agriculteur sur leur périmètre. Oui, les maires sont informés des départs en retraite et peuvent être des intermédiaires précieux.
M. Lançon a largement insisté sur le rôle du consommateur final.
« Ce que l’on choisit de mettre dans son assiette a un impact sur le territoire autour de nous: ses paysages, son économie, sa cohésion ! »
La sensibilisation au lien entre l’alimentation et la vie du territoire, c’est le quotidien de son engagement associatif, au sein des Défis Ruraux et de Slow Food. Déjà des partenariats sont noués avec des collèges normands pour une restauration à partir de produits locaux. Le mouvement est en route, mais il reste beaucoup à faire.
Du lin ou une zone d’activité?
Quant à la problématique de la concurrence entre urbanisation et maintien des exploitations agricoles, M. Questel a clairement mis en évidence certaines contradictions.
« A 40 ans un agriculteur souhaite que ses terres restent agricoles. Quand il a 70 ans, il aimerait que ses parcelles deviennent constructibles pour s’assurer une retraite confortable. »
Bruno Questel propose d’ailleurs, peut-être avec un peu d’ironie, qu’il soit interdit aux élus locaux agriculteurs et/ou propriétaires de foncier à vocation agricole de vendre leurs terres à des fins de construction ou d’urbanisation. C’est dit.
Finalement, les trois intervenants insistent tous les trois sur le levier de la volonté politique, pour que les territoires soient de véritables bassins de vie, où l’agriculture garde et prend toute sa place. Pour rappel, dans le Roumois, l’agriculture représente 11% de l’activité économique.