Hier, j’assistais à la soirée des 10 ans de l’association normande GRANDDE, qui vise à développer les pratiques « Développement Durable » en entreprise. J’ai ainsi pu partager un beau moment à l’occasion d’une courte conférence mettant à l’honneur deux voix. Celles de Jean-François Clervoy, spationaute et de Catherine Chabaud, navigatrice.
Les enjeux du Développement Durable de la terre à l’espace, tel était l’intitulé de cette rencontre. Si je vous en parle ici, c’est parce que j’ai trouvé leurs interventions inspirantes, d’une limpidité et d’une simplicité encore hautement nécessaires.
Jean-François Clervoy a ressenti le déclic dès son premier voyage spatial.
Voir La Terre, toute en couleurs et nuances, isolée dans ce cosmos noir a été pour lui comme une révélation de la beauté, unique et fragile. La Planète devenait alors comme tout vaisseau spatial: un espace fini, où l’utilisation de chaque ressource doit être pensée pour la survie de l’équipage.
« La Terre, un être géologique et climatique vivant »
La beauté en effet mais aussi un changement d’échelle. Depuis l’espace, il n’était plus français, ni Lorrain, ni Européen. Il est devenu un Terrien de tout son être, saisi par la naturelle solidarité qui doit exister à l’échelle de La Planète.
Belle leçon non? Une solidarité planétaire, nous en avons bien besoin. Nous sentir terrien avant tout, voilà de quoi changer le regard sur cet Autre qui trop souvent encore fait peur et suscite le rejet. Nous n’irons pas tous dans l’Espace pour vivre cette expérience et ressentir notre appartenance à une communauté, organisée autour de biens communs à partager et respecter.
Catherine Chabaud a elle saisi les enjeux planétaires au large.
En quittant la Terre, depuis les océans, elle a trouvé un certain recul sur l’existence, recul que partagent peut-être bon nombre de marins. Un bateau, c’est un espace confiné, voué aux aléas météorologiques. Il faut y apprendre l’autonomie, se suffire de peu, apprendre à réparer. La plus petite île doit être vécue comme un espace qui doit pouvoir être autonome. Pour elle, il en va de même pour les territoires: trouver la voie d’une autonomie énergétique, alimentaire, …
Lutter contre le gaspillage, économiser les ressources, recycler plutôt que jeter, adaptation à l’environnement, anticipation: voilà les principes que la mer lui a appris et que nos sociétés devraient adopter. Ça frémit, mais tout reste à faire… Les initiatives sont nombreuses mais doivent changer d’échelle. Passer de l’initiative au modèle sociétal. Passer de l’expérimentation au déploiement. Pour autant, Catherine Chabaud ne cultive pas un optimisme béat.
« Aujourd’hui, nous sommes comme un marin qui voit arriver le grain et qui n’anticipe rien! »
Alors comment avancer, sur terre en sachant prendre de la hauteur et du large? Pour eux, il faut associer vision & valeurs, 3 principales:
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responsabilité
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respect
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solidarité
Et pour y arriver, le chemin passe par l’éducation, la transmission, l’apprentissage de la sobriété.
En une heure, tout était limpide et l’auditoire était déjà acquis à la cause. Reste à propager largement, toujours plus, ces messages . D’ailleurs, une question de la salle allait dans ce sens: « Comment faire pour que les politiques voient haut & large? » Un tour de la planète depuis l’espace puis en mer… Pas simple! Des politiques, il y en avait dans la salle. Comme moi, ils étaient, je crois, tout ouïe.