Ces deux histoires se passent en France. Quelque part, en l’an 2014 de notre ère. Plus précisément, pour la première, dans un petit village. Là-bas, le maire est particulièrement attentif aux enjeux de l’éducation des jeunes enfants. Alors, quand le temps fut venu pour lui de mettre en œuvre la réforme des rythmes scolaires, il organisa de riches rencontres entre parents, instituteurs et élus du conseil municipal. Le consensus était sur la table: priorité aux enfants. Le choix politique était posé: moins d’investissements « dans le dur » pour dégager des marges de manœuvre sur le financement d’un nouveau dispositif éducatif.
Dans le respect des préconisations des chronobiologistes, c’est après la pose méridienne que les enfants auront des activités: un programme pédagogique est élaboré: des intervenants professionnels en théâtre, yoga, arts plastiques, musique, … sont prévus dans l’école, avec des petites groupes d’enfants. Chaque trimestre, évaluation partagée du dispositif pour toujours mieux répondre aux besoins des petits. Ce projet est écrit, financé, encore amélioré avec la bénédiction de l’inspecteur de circonscription, ravi de voir la communauté éducative aussi soudée autour d’un projet intelligent, répondant aux objectifs initiaux de la réforme gouvernementale. Le dossier complet est adressé au DASEN (directeur académique des services de l’éducation nationale) et au rectorat. Le maire ne recevant pas de réponse avant la fin de l’année scolaire et souhaitant informer les parents pour la rentrée suivante s’alarme de ce silence et prend les devant. Le DASEN propose enfin un RV au début de l’été, reçoit le maire entouré de quelques élus de son équipe. La réponse du DASEN est claire: « il est beau votre projet monsieur le maire mais on veut des choses plus simples. Pourquoi vous embêtez-vous? Prenez le pognon versé par l’Etat et faites tout simplement de la garderie! » Et le maire de ne pas vouloir en rester là, insiste. Il recevra un courrier un 29 juillet, demandant énormément de documents à transmettre dans les plus brefs délais… Et le maire de rappeler la directrice de l’école pendant ses vacances, peu importe, c’est leur projet, elle y croit elle aussi et se mobilise à distance, pour que tout soit fait au plus vite. Les pièces sont renvoyées le 1er août. Et le maire d’attendre, désormais. Il appelle au cas où: on lui répond que c’est les vacances et que son dossier ne sera pas traité dans l’immédiat.
Messieurs Hollande et Hamon mesurent-ils à quel point leur Administration se fait « facilitatrice »?
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Une autre histoire se passe dans une autre bourgade, à peu près au même moment. Elle est plus simple. La compétence enfance jeunesse est entre les mains des élus intercommunaux. Le conseil municipal, avec l’école transmet une proposition d’organisation. Fin de non recevoir: la réforme ce sera du périscolaire, rien de plus, chaque jour dès 15h45 et payant pour tous.
Vive l’égalité!
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Vous aussi vous connaissez de jolies histoires comme ces deux là?
Ce que j’enrage en lisant cela… que de gâchis de voir ce maire et toute la communauté concernée s’impliquer autant (et à juste titre !) pour se confronter à une telle réaction ! Dans ma commune du Val de Marne, la réforme des rythmes scolaires a été un feuilleton sous fond de guerre des municipales et qui aboutit aujourd’hui a un élargissement de la pause méridienne avec instauration d’ateliers au rabais (oui je juge avant application mais franchement les thèmes proposés sont pathétiques) et le choix du samedi matin comme « nouveau » jour d’école. Cela va à l’encontre des demandes des parents (une enquête avait été lancée) mais semble plus favorable au rythme de l’enfant donc en soit c’est plutôt bien. En revanche ce qui m’enrage, bien que ce ne soit pas imputable exclusivement à la reforme c’est que les enfants de parents qui bossent tous deux et n’ont pas de grands-parents sous la main sont exclus des activités sportives / culturelles. Dans ma commune (dans laquelle 80% des enfants ne fréquentent PAS l’accueil de loisirs le mercredi) aucune activité n’est proposée en dehors du mercredi pour les plus jeunes…
Cette situation, inéquitable et inégalitaire est insupportable!! 🙁