Contre les élections. Ça claque. Il le faut bien car la question est grave et David Van Reybrouck a eu bien raison de choisir ce titre.
D’élections en élections, notre démocratie me fait déprimer. Abstention en croissance constante (voilà où se cache la croissance!!), couverture médiatique de la res publica cantonnée aux faits divers et aux petites phrases, votes dictés par la peur et le repli sur soi, désintérêt pour le fond, bref j’enrage. Et pourtant, d’autres constats sont réjouissants. L’émergence et même l’affirmation de mouvements profonds pour recréer du vivre-ensemble, à l’initiative de la société civile, des lambdas: incroyables comestibles, mouvement « en transition« , développement de l’économie sociale et solidaire, la corévolution, création de nouveaux espaces de vie, … Les exemples sont riches et nombreux! En discutant avec nombre de personnes impliquées dans ces initiatives ou mouvements, j’ai pu constater que pour beaucoup la défiance vis-à-vis des institutions démocratiques était grande, défiance qui souvent se traduit par le choix délibéré de ne plus participer à la « mascarade » des élections. Et ce choix n’est pas celui d’un populiste « tous pourris ». Non, plutôt l’expression d’une distance énorme entre un monde qui bouge et un fonctionnement démocratique dépassé, qui ne répond plus aux attentes.
Deux mondes qui avancent, l’un en déclin, l’autre qui s’affirme. Entre eux deux, des passerelles sont tentées: la démocratie participative. Là, c’est mon expérience professionnelle qui parle, quelles difficultés pour intéresser les habitants! Que d’obstacles pour réussir à mobiliser autour de la définition de politiques publiques. Rien n’est simple… Ces mondes mouvants sont sous nos pieds et nous sommes sans doute à la croisée des chemins.
Alors, qu’en j’ai entendu parler de ce bouquin « Contre les élections » à la radio avant l’été, j’ai couru chez mon libraire préféré et ai emporté ce petit livre en vacances avec moi. Quel plaisir de voir poser dans ces pages, avec intelligence, clarté et argumentaire des sensations que j’éprouvais jusqu’alors. Crise de légitimité, d’efficacité. Crise de la démocratie représentative élective. Le livre puise à la fois dans des expériences récentes telles que les mouvements « Indignés », « Occupy », … propose une analyse nourrie d’Aristote, Diderot, Tocqueville, Manin, … explicite le fonctionnement de cités-Etats telles que Athènes, Florence, … s’arrête sur l’étape cruciale des Révolutions française et américaine. Puis ouvre sur des propositions autour des principes de démocratie délibérative et de tirage au sort, propositions à partir d’exemples et d’une bibliographie détaillée et très riche.
Je vous invite vraiment à lire ce livre!
Lorsque je l’ai refermé, je n’avais cependant pas de solutions toutes faites à mes questionnements.
Une démocratie efficace nécessite que chaque membre du corps social ait un sens éclairé de la chose publique. Avec un système éducatif qui a du mal à assurer le miminum vital, ce fameux socle des savoirs, pour tous les enfants; dans un système médiatique où l’audience a largement pris le pas sur sa fonction première de médiation, de décryptage; face à son corollaire la « sur-information » potentiellement générée par Internet, comment atteindre cette éducation d’intérêt général? Avec un système politique cloisonné, certains parlent d’une caste, comment conduire la transition d’un modèle uniquement représentatif vers un modèle plus ouvert où chacun est gouvernant et gouverné? L’auteur finit par une interpellation: « qu’attendons-nous? » Oui, il a raison. Mais par quel bout commencer?
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David Van Reybrouck ne m’en voudra pas ici de livrer les liens vers des sites Internet qu’il évoque, relatifs aux enjeux de nouvelles démocraties:
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David, si tu passes à Rouen, on fait une émission ensemble?
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Je me souviens évidemment qu’en 2012, je me présentais aux élections législatives sous les couleurs EELV, n’empêche! Réduire la démocratie aux urnes ne peut plus fonctionner!
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