C’était il y a une quinzaine de jours à peine. Dans une ruelle d’Essaouira au Maroc. Accompagnée de mon amie Charifa, j’allais au hammam. Un de ceux où se rendent régulièrement les femmes d’ici. Un endroit aux couleurs passées. Un endroit où les corps sont entièrement nus. Avais-je déjà vu les corps d’inconnues ? Jamais je crois.
Chaque jour ou presque les murs de nos villes, les magazines, la télé nous vendent des plastiques parfaites. Plastique, c’est bien le mot. Rien de charnel, rien de vivant, pas d’histoire cachées sous les grains de beauté, pas d’enfants dessinés sur les ventres. Au hammam, c’était les seins lourds, les ventres arrondis, les sourires, les longs cheveux noirs, l’odeur de l’eucalyptus, les mots chuchotés, la musique de l’eau, bruissement sur les peaux. Mon corps à moi, ce fardeau chaque jour, est devenu alors plus léger. Les premières minutes, même nu il tentait de se cacher et puis, petit à petit, lâcher prise… Moi qui passe mon temps à le comparer aux autres femmes, toujours plus belles, plus harmonieuses, là soudain je l’oubliais, l’habitais même vraiment tandis que cette petite femme à la fois douce et énergique l’enduisait de savon noir, le frottait ensuite, l’aspergeait enfin d’eau. C’est finalement simple la nudité, dans la moiteur, dans cette demie pénombre. Il n’y avait là aucune perfection mais les lieux regorgeaient de beauté. J’étais sous le charme. Puis il a fallu partir.
Vaste sujet que celui de la « beauté » du corps. Esthétique, historique, culturel, il dépend de beaucoup trop d’éléments extérieurs pour pouvoir être valable.
Et pour ce qui est de la beauté de l’âme … non, là je suis hors sujet.
Oui, c’est un sujet immense, que je n’ai effleuré qu’entre les volutes des eaux chaudes et les parfums de ce minuscule hammam… 😉
[…] C’était il y a une quinzaine de jours à peine. Dans une ruelle d’Essaouira au Maroc. Accompagnée de mon amie Charifa, j’allais au hammam. Un de ceux où se rendent régulièrement les femmes d’ici. Un endroit aux couleurs passées. […]