Quoi? Vous trouvez mon titre racoleur? Bon, OK, un peu. Pourtant, le rapprochement entre ces deux notions – journalisme & pronographie – je suis tombée dessus à la radio hier. Qui parlait? Et sur quelle antenne? Désolée, je ne sais pas… Mais cette idée m’a interpelée.
L’érotisme et la pornographie… La pornographie montre et s’arrête à ce quelle montre. Elle n’évoque rien. L’érotisme suggère, invite à faire travailler ses méninges pour construire une pensée, une image, une idée (voire un fantasme!).
Aujourd’hui, le journalisme érotique est en voie de disparition, tandis que le journalisme pornographique nous assaille, à coup de dépêches, de flashes répétés, de tweets twittés et retwittées, alimentant une boulimie sans fin d’auditeurs, de lecteurs, de téléspectateurs, yeux écarquillés, oreilles en alerte, près à nous ruer sur les chaînes d’info, pour savoir. Pas comprendre, non, pour savoir, pouvoir lâcher un scoop que d’autres autour de nous ne connaîtraient pas encore, ha… les ignorants…
On gobe, on avale, sans goûter, sans décortiquer, sans digérer. Jusqu’à la nausée (j’en connais un rayon en ce moment en matière de nausées…). Puis on vomit tout, à l’arrivée de la nouvelle vague, encore plus crue, plus indigeste. Une nouvelle couche qui efface les précédentes. Partout, les médias nous vendent – consommateurs je le répète consentants et demandeurs que nous sommes – du « voir », si possible en direct, en boucle, les mêmes mots qui tombent sur nos écrans de téléphones, d’ordinateurs, de télévisions.
L’érotisme du monde qui nous entoure – sexe mis à part – comme une capacité à éveiller notre désir, à susciter des visions, des représentations, des envies, des avis, ou peut-on encore l’entrevoir?
Quel cercle vicieux! Le toxicomane à qui on offre sans modération la substance qui le tient les yeux ouverts, focalisé sur l’INFORMATION, l’info brute, des faits, pas des contextes, ni des analyses, ou si, des analyses mais uniquement l’analyse des faits, les faits les plus racoleurs. Là boucle est donc bouclée.
Pascal soulignait l’importance du divertissement, pour nous éloigner, au moins par la pensée, du funèbre destin qui nous attend. Se divertir? Chaque instant de ma vie me divertit. Cette philosophie de Pascal est mienne depuis très longtemps. Mais s’agit-il de se divertir, comme divers, comme faits divers, pour détourner les yeux de questions majeures, de choix à enjeux?
Alors, oui, me direz-vous, je vous entend déjà, le journalisme de fond existe toujours: les magazines spécialisés, la presse écrite, quelques rares émissions à la télé en 3ème partie de soirée ou sur des chaînes plus confidentielles. Quelle discrimination! Pourquoi les médias populaires, qui comptent des millions de fidèles, n’offriraient-ils pas ce journalisme, ce beau journalisme au plus grand nombre? Ha… vous trouvez que j’attends le monde des bisounours? Je suis plus terre à terre, c’est comme une négociation… On tape haut, pour obtenir un peu…