Des montagnes, derrière, je ne voyais que les flancs desséchés et les pistes poussiéreuses. Leur souffle lancinant, en rafales puissantes et chaudes, omniprésent, repoussait l’écume vers le large.
Le bleu, en portes closes, découpant les ombres du sirtaki d’un soir, le ciel clair en un à-plat infini, la mer où le bleu éclate en blanc sur les rochers, les 4 euros d’un bracelet que je me suis acheté juste avant de repartir, une tarverne en bois et bleu, et son petit vieux.
La falaise ouverte et à ses pieds, une minuscule chapelle. La porte était entrouverte, un air frais s’en échappait en filet. Un geste à peine et la poignée me restait dans la main. Devant, la piste redescendait vers la voiture, poussière ocre, rouge et la chaleur étouffante, toujours. Au loin, la mer. Une usine est posée là, comme par erreur. Ici, on recycle du papier. Des machines ronronnent, quelques hommes s’affairent, suent. Loin de tout.
La lumière en déclin le soir, et avant, éclaboussait mes yeux depuis le matin.
Le soleil ne se lassait pas de chauffer le sable, le béton, mes épaules le long de la route ou des chemins en esquisse, pendant mon footing du matin. Chaque jour, le souffle des montagnes était sec, violent, assèchait ma gorge, déstabilisait mes foulées à peine réveillées.Les oliviers, dans leur vert un peu passé, à flanc seuls et rêches, à plat irrigués et lourds. Je les trouve beaux et romanesques.
Je n’aime pas les chats. Enfin, c’est juste qu’ils m’ennuient. Non, disons plutôt que les gens qui parlent de chats m’ennuient profondément. Je m’en fous des chats. Mais pour faire plaisir aux enfants, j’en ai pris un en photo. Que ne ferais-je pour mes enfants…
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Ce que je n’ai pas pris en photo c’est l’envers du décor. Ces paysages que j’observais en courant le matin ou au volant de notre voiture de location, ces paysages au premier plan qu’on ne voit peut-être pas en vacances mais qui m’ont marqué. Le long des routes, ces cubes de béton juste en arêtes, constructions abandonnées, en cascade descendant vers la côte, comme des cadres vides pour regarder la mer. Ces boutiques fermées, aux vitrines en blanc ou recouvertes de papier journal déjà jauni. Des serres aussi, immenses et déchiquetées par le même souffle, qui n’abritent plus qu’une terre sèche et noire. Cet hôtel fermé, comme sorti d’un western.
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Crète.
[…] Autant le dire tout de suite, l’intrigue m’a totalement prise. Ce qui veut dire des nuits courtes, des journées en tête à tête avec le livre, les pieds dans la mer de Lybie, en voiture descendant les lacets crétois qui cachent ces petites criques magiques. Mais je ne suis pas là pour raconter mes vacances (je vous avais laissé quelques photos)! […]