Pendant ces quelques jours au Bénin, je vais tenter de vous faire vivre des ambiances sonores. Les sons que vous pourrez écouter tout au long de la semaine sont bruts. Lancez-les et lisez. Dites-moi ensuite si vous etes du voyage avec moi…
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Voilà que les nuages sont partout les mêmes. Chez moi ou au-dessus de Niamey. Ils sont peut-être encore plus beaux lorsque je les regarde en inclinant ma tête vers le bas. Ecume, océan, ils retrouvent à un moment ou à un autre les formes de l’enfance. J’ai envie de les goûter. Y plonger un doigt. Ont-ils ici les saveurs du continent africain? L’avion seul perce le secret de leurs parfums.
Celui-ci ressemble à un champignon.
Devant moi, de la salsa béninoise s’échappe d’un casque depuis des heures.
Une femme blanche, sac à dos souriant et rôdé, croisée dans les files d’attente de l’aérogare, retrouvée dans l’avion, semble vivre à Cotonou. Un cartable rose dans sa valise de cabine. « Il a fait chaud toute l’année, là en juillet, ça va, il pleut un peu ».
Un groupe de jeunes en mission humanitaire pour construire un poulailler dans un foyer de jeunes filles. « Poulailler mais plutôt une petit élevage ». Dans une ville dont il a oublié le nom, s’excuse-t-il la bouche pleine.
Une femme noire, jupe droite, veste ajustée, d’un vert flamboyant, se plaint au stewart.
L’homme, devant, demande à Martin, le chef de cabine, de vérifier la fermeture des caissons de l’allée.
Et je contemple au hublot la souplesse de l’aide, dans le bleu et le blanc.
Plus tard, quand on traverse les nuages, j’essaye de sentir s’ils sont salés ou sucrés. Je préfère le salé. Juste en-dessous, une constellation se dévoile. Pas des lumières d’étoiles mortes. Une ville, ses artères en flux immobiles, un organisme qui respire, s’étire en mouvements saccadés.
Toucher terre. La chaleur est humide.
Les valises, en robes de cellophane, dansent sur le tapis, sont frôlées par d’innombrables mains, puis, comme au hasard, l’une ou l’autre est jetée hors du corps de ballet. La chaleur colle devant ce spectacle enivrant. Toujours les grincements du tapis qui jamais ne doit s’arrêter. Toujours l’excitation du retour, ou du point de départ. Toujours les mains moites. Toujours l’attente trop longue.
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