Ce matin, j’assistais à une matinée d’échanges sur le thème des territoires.
Territoires institutionnels, vécus, ruraux, urbains, fantasmés, citoyens, politiques. De nombreux adjectifs ont été accolés au Territoire.
Un point a étonnamment fait consensus entre les politiques à la tribune – pour l’anecdote, une femme pour une dizaine d’intervenants.
Le monde rural n’existerait plus.
Vous savez, ce petit village où tout le monde s’appelle par son prénom, où tout le monde se retrouve sur la place le dimanche, pour un café, un verre de vin et quelques rondelles de saucisson, du coin si possible.
Aujourd’hui, les vrais ruraux seraient en voie de disparition. Les campagnes sont désormais lieux de vie des néoruraux, ces citadins poussés en périphérie, impuissants face aux prix de l’immobilier des villes. Finalement, l’immense majorité de la population est urbaine dans l’âme: des services de proximité, des activités à disposition, hyper mobilité, … Ce mode de vie profondément urbain s’inscrit dans des paysages contrastés, parfois dans une géographie urbaine, parfois dans une géographie rurale. Même à la campagne, les populations sont multipolarisées: le boulot ou l’école d’un côté, les loisirs de l’autre, les courses un peu plus loin, les amis aux quatre coins, etc. Le village rural, centre d’un petit monde, n’est plus.
A ce constat, s’ajoute la question connexe de l’identité territoriale. Est-on encore aujourd’hui attaché à un lieu, une ville, un territoire? Je me suis posée la question, en regardant la place des lieux dans mon histoire personnelle.
En fait, je ne me sens attachée à nulle part. Régions d’origine des parents, lieu de naissance, espaces de l’adolescence, rien. Question de génération? Peut-être. Je ne nie pas les souvenirs des lieux, mais chez moi ils ne créent aucune nostalgie ou sentiment d’appartenance particulier. Je n’habite pas Rouen mais me sens rouennaise. J’habite un village à 20km de là, où habite la nounou, où ma fille va à l’école, où je fais mes courses en coup de vent mais voilà, ma polarité c’est Rouen, et encore ce n’est pas là que je passe mes journées pour le boulot…
Et vous, comment êtes-vous attachés aux lieux?
Comment articulez-vous vos différents espaces de vie?
C’est exactement ça, les sentiers de dépendance face à cette imagerie de l’espace rural à la française…
Finalement la ville est-elle elle aussi dépassée? Le bassin de vie, peut-être est-ce plus à propos.
Quel choc, la ruralité est morte et tu me l’annonces comme ça sans ménagement ! Alors que justement, le petit village rural et provençal de mes grands-parents, c’est toute mon enfance (mon enfance est morte, argh !). Mon rapport au lieu est vraiment comme ça, un endroit égal une époque de ma vie, parce que j’ai souvent déménagé… Spatio-temporel, c’est très étrange. Et d’ailleurs, retourner dans certains lieux me fait comme voyager dans le temps !
Quant au monde rural, comme j’imagine beaucoup de monde, j’aimerais qu’il continue à exister, par nostalgie sans doute, mais je n’ai pas du tout envie d’y vivre, gros paradoxe !!
Oui, je suis peut-être un peu trop violente! 😉
Voyager dans le temps, c’est vrai ce que tu écris…
[…] Aujourd’hui, les vrais ruraux seraient en voie de disparition. Les campagnes sont désormais lieux de vie des néoruraux, ces citadins poussés en périphérie, impuissants face aux prix de l’immobilier des villes. Finalement, l’immense majorité de la population est urbaine dans l’âme: des services de proximité, des activités à disposition, hyper mobilité, … […]