Damien Deville est mon invité de la semaine. Pour cette conversation, il m’a emmenée dans le jardin partagé de la Cité Université Internationale à
Paris.
Le jardin, un lieu de rencontre.
Damien me parle de son parcours, où l’écologie était dès le lycée un centre d’intérêt profond pour lui. Devenu aujourd’hui chercheur à l’INRA, il travaille sur les liens entre nature et culture. En ville, dit-il, on vit hors-sol. Il s’intéresse tout particulièrement à ce que peut apporter le jardinage aux populations pauvres, notamment dans les villes moyennes et petites.
Territoires, nature, qu’espère Damien pour 2050 ?
Prendre en compte le non-humain dans les politiques de développement§ C’est alors quitter la posture anthropocentrée qui est la nôtre aujourd’hui. Peut-être en reconnaissant la vulnérabilité de l’humain explique Damien.
La cohabitation humain/non-humain crée un espace poétique.
Et les villes en 2050 doivent pouvoir intégrer ces dimensions. Pour autant, même si le mot poésie est employé par Damien, il n’a pas une vision angélique des choses. Il constate que les jardins urbains peuvent créer des inégalités et ne pas être durables.
Nous discutons également de la transformation des villes confrontées à la perte de leurs industries et de leur population : Saint-Etienne, Détroit, … Des politiques publiques post-croissance sont-elles la clé pour concevoir les villes de 2050 ? Et la nature en ville en 2050 sera-t-elle technologique ? Pour Damien, l’esprit « start-up nation » vient créer des modèles de compétitivité sur des espaces qui devraient être coexistence.
Se réapproprier l’espace, c’est l’une des dimensions fondamentales du monde de coexistence proposé par Damien. Pour lui la diversité est une valeur en soi, qui devra conduire les politiques publiques de demain, et ce en tout domaine.
Enfin, je demande à Damien de formuler un vœu… accompagné de la 1ère danse hongroise de Brahms…
Episode enregistré le 23 mars 2018
Quelques références proposées par Damien :
- Flaminia Paddeu a écrit un article critique qui démontre que l’agriculture urbaine peut également créer des inégalités notamment quand les démarches citoyennes sont institutionnalisées
- Kristin Reynolds a fait un livre incroyable sur l’agriculture urbaine dans le contexte Nord Américain : « beyond the kale »
- Le livre d’anthropologie d’Eduardo Kohn sur les forêts amazonienne. C’est un livre très technique, difficile à lire pour les anthropologues. Mais Philosophie magazine en a fait une synthèse.
- Enfin les écrits de Max Rousseau qui travaillent sur les villes en déclin et sur le piège de vouloir attirer « la classe créative » dans les villes petites et moyennes