Boris Marcel a réalisé un tour d’Europe de l’innovation sociale. Il est mobilisé au quotidien avec Les Cols Verts pour cultiver l’agriculture urbaine et périurbaine le plus largement possible… Son ambition européenne, c’est celle de mettre en évidence les terres d’innovation pour inciter à la duplication de ces bonnes pratiques, dans des territoires d’expérimentation. Il a choisi le thème des utopies concrètes et des zones de résilience pour notre conversation.
« On ne peut pas se résoudre au monde actuel »
Dans quel état est le monde aujourd’hui ? Boris regarde sur un pas de temps très long pour envisager autrement le monde actuel. Même si le constat est ainsi « moins pire » qu’il n’y paraît, Boris parle d’un contexte actuel de « future crise systémique » : économique, politique, sociale, environnementale.
« Le PIB, un agrégat dépassé »
Pour Boris, il faut dès à présent incarner le monde que l’on veut pour demain, en mettant en place à petite échelle ces utopies pour les voir se réaliser dans le futur dans des dimensions plus importantes.
Avec Boris, nous évoquons largement ces personnes appelées dites « créatifs culturels » et leur rôle dans ce monde à construire, en faisant référence à Paul H. Ray et Richard Florida.
Avec Boris, nous parlons de l’importance de changer le sens de notions telles que le mot « valeurs » : il ne s’agit pas que de puissance financière, « l’élite » ne s’entend pas que de la sphère politique ou économique, … Il pointe également les convergences entre les idées de créatifs culturels et de sobriété heureuse chère à Pierre Rabhi.
« 2050, un monde glocal » : où la conjonction d’initiatives relevant de l’ESS, de l’économie symbiotique et circulaire donneront naissance à ces territoires d’utopies concrètes à l’échelle de bassins de vie. Un monde polycentrique, avec des villes-cœur où la résilience pour se réaliser : dans le domaine alimentaire, énergétique.
« Des territoires autonomes sans être en autarcie »
Paris aujourd’hui, c’est 3 jours d’autonomie alimentaire rappelle Boris : les enjeux et défis sont donc immenses. Il faut donc passer à un fonctionnement des territoires décentralisés et multifonctionnels pour commencer à cultiver ces résiliences.
Boris explique ainsi ce qu’est un indice de résilience, en citant le domaine de l’énergie. Tiens on parle alors de négawatt.
La société civile est l’acteur le plus créatif, le plus réactif pour activer ces dynamiques, qui pour autant ne pourront se déployer sans associer tout le monde, des entreprises aux pouvoirs publics en passant par les autorités religieuses.
Pour avancer, Boris met son énergie là où elle est la plus utile et sait alterner entre indignation et construction.
Enfin, je demande à Boris de formuler un vœu… accompagné par le morceau « In a sentimental mood » de Duke Ellington et John Coltrane.
Episode enregistré le 15 février 2018