Les indignés, les occupants, les 99%, les anonymes, …
Quelque soit le nom qu’ils prennent, un point commun – au moins – réunit ces mouvements: le constat de la prise en otage de nos sociétés par une minorité. Minorité du pouvoir. Pouvoir économique, dans une Europe qui tangue autour de l’alphabet d’agences de notation. Pouvoir politique, dans le monde arabe. Les deux à la fois, aussi. Souvent…
Un ami soulevait une question: Est-ce que dénoncer les « 1% » n’est pas démagogique? Un simple haro contre les riches? Une simple démarche haineuse?
Franchement, je ne pense pas. Selon moi, il ne s’agit pas là de dénoncer une liste de personnes. Aucun lynchage à l’horizon! Personne ne se demande à partir de quels revenus on bascule des 99% vers les 1%!
Ce 1% est plutôt un symbole. Le symbole de la frénésie du capitalisme financier déviant.
Ce capitalisme outrancier n’est rien de moins – ou de plus – qu’une entité presque vivante, autonome, boulimique. Egalement appelé « marché », il se met à table et dévore. Dévore juste pour la sensation du plus, sans en avoir besoin, une faim pathologique. Très peu sont invités à sa table. D’ailleurs, ses quelques convives doivent parfois être un peu effrayés par leur hôte, de peur qu’il ne se jette sur eux, à leur tour…
Et puis cette boulimie le rend malade. Parfois, il ne peux faire autre chose que de vomir. Vomir une crise financière. Ses quelques convives regardent. Les autres, les 99%, sont submergés, doivent éponger, nettoyer. Eux, espèrent que cet ogre malade sera guéri un jour en profondeur. C’est ce qu’ils appellent de leurs voeux. Ne pas seulement traiter les symptomes mais intervenir sur les causes, remettre le système dans le bon sens. Se nourrir, pour répondre à un besoin, dans la mesure et dans le souci de la qualité et de l’équité.
Ces mobilisations conduiront-elles vers une mutation de l’ogre? Grande question… Il faut pour cela que cette société civile deviennent audible, qu’elle soit entendue par les politiques, qu’elle soit tout simplement prise au sérieux…
Dans certains médias, on repproche à ces mouvements de s’élever contre le changement climatique, les dérives du marché, l’accès aux services publics, … Mais quoi? Faudrait-il, pour être légitime, ne défendre qu’une seule cause? Alors même qu’en ouvrant les yeux, on voit clairement que c’est justement la transversalité qui donne du sens, de la cohérence aux critiques de nos sociétés.
Je considère que cette transversalité constitue une véritable force. Mais pour beaucoup, elle est une faiblesse. Ce mouvement, du moins en France, n’est pas, ou trop peu, relayé par les différents corps sociaux, trop habitués, sans doute, à ne défendre qu’une cause, la leur.
S’indigner est une chose. Construire un modèle sociétal éthique, crédible et viable en est une autre. Je souhaite que l’on arrive à passer de l’un à l’autre. Utopie pensez-vous?
Il faut de l’utopie, de grandes ambitions. Le fatalisme est une force stagnante. L’utopie est une force du mouvement en avant. Avançons donc.