Le 8 mars dernier était la journée internationale consacrée aux Droits des Femmes. Pas une journée pour offrir une rose, tenir une porte ou féliciter madame pour une jolie tenue.
NON.
Une journée pour rappeler que la route de l’égalité est encore longue, jonchée d’embûches, de voies sans issue, où nombreux sont ceux qui proposent de reculer plutôt que d’oser avancer.
Pour l’occasion la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité Femme/Homme de Normandie (DRDF – service de la Préfecture de Région) organisait un colloque dont j’ai assuré l’animation. Symbole fort de cette journée, la participation active de la Préfète de Région, Fabienne Buccio, arrivée dans ses nouvelles fonctions 2 jours auparavant.
Intitulée « Un siècle d’évolution pour une meilleure qualité de vie des femmes: leur émancipation sur plusieurs générations », cette rencontre place au cœur des échanges la cause des femmes, les voix de femmes, le bien-être & l’IVG. Autour de ces enjeux, deux témoignages, deux regards croisés ont livré une parole sur deux sociétés françaises, celle des années 60, celle de ce début de siècle. Françoise, 69 ans et Aurélia, 29 ans ont tout au long des échanges partagé leur vision du monde qui les a entouré alors qu’elles devenaient femmes.
« Les avancées majeures pour les droits des femmes n’ont jamais eu lieu au seul motif de l’égalité »
Elise Lemercier est maîtresse de conférence en sociologie à l’université de Rouen. Son intervention a bousculé des idées reçues. Ainsi explique-t-elle que les avancées majeures pour les droits des femmes n’ont jamais eu lieu au seul motif de la simple égalité: La loi parité, par exemple, a été portée par le principe d’une République et d’une Nation une & indivisible où chacun, sans distinction, doit pouvoir trouver sa place, et non uniquement pour corriger une inégalité flagrante en politique. S’agissant de la loi Veil de 1975, autorisant l’Interruption Volontaire de Grossesse, la logique est identique. Ce n’est pas le droit de disposer de son propre corps qui aura été l’argument premier, mais plutôt celui du droits des enfants à avoir une mère aimante… La logique des mots ainsi dévoilée interroge les choix politiques de notre société. L’égalité femme/homme ne se suffit-elle pas à elle-même pour garantir une législation juste et protectrice?
75% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans le cadre professionnel en Europe
La route est encore longue disais-je? Clairement oui. On a plutôt l’habitude de regarder à l’échelle française ou internationale. Et si on portait l’attention sur l’Europe? 75% des femmes ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans le cadre professionnel en Europe. 83,7% des parents célibataires sont des femmes. Les femmes devraient travailler 59 jours de plus dans l’année pour obtenir le même salaire que les hommes. Parmi les principales entreprises cotées en bourse, 15% des cadres seulement sont des femmes, tandis que 60% des européens diplômés de l’enseignement supérieur sont des femmes. Ces dernières sont également plus touchées par la pauvreté: 17,7% contre 16,9% chez les hommes.
Quelques autres chiffres en DATAVIZ
L’image pour changer le rapport à soi et au monde
Le Pôle Image de (Haute) Normandie est partenaire depuis 10 ans de la DRDF, notamment via le dispositif Passeurs d’images. Des créations audiovisuelles sont réalisées par des femmes, et des hommes aussi, avec l’appui, pour chaque projet, d’un ou d’une artiste, bien souvent UNE artiste. Montées en partenariat avec des structures telles que des centres sociaux, ces créations donnent la parole à des sans voix. Bien souvent, cette parole retrouvée est un moment charnière dans l’existence de femmes pour qui les discriminations sont particulièrement violentes. Elles retrouvent la confiance, elles apaisent leur regard sur elles-mêmes, sur le monde et ainsi osent à nouveau avancer, dépasser les obstacles qui barrent leur route. Cinq femmes et un homme sont venus partager leur expérience, autour d’une exposition photo et d’un film réalisé par Florence Brochoire.
« J’ai commencé avec le projet photo qui m’a redonné confiance en moi suite à une séparation difficile. Je n’étais plus femme mais maman. Pour le film, j’ai eu des échanges émouvants avec Florence, très belle rencontre avec mes enfants et Florence également. Plus à l’aise aussi devant l’objectif après le projet photo. Suite à ce projet bien-être, j’ai retrouvé une relation amoureuse, je suis rayonnante »
– Vanessa –
La rencontre s’est conclue par la remise du prix « Sexisme, pas notre genre » à l’association rouennaise Archimède-films pour ses courts-métrages contre les violences faites aux femmes.
[…] J’étais ravie d’animer cette matinée, faisant écho à une précédente mission à l’occasion de la Journée de lutte pour les Droits des Femmes en 2017. […]